Le parcours d’un jeune homo sortant juste d’une prison pour mineur à Sao Paulo, sans misérabilisme aucun. Une chronique assez énergique, qui offre même quelques moments de pause très jolis.
Le héros de Baby n’a rien : sortant d’une prison pour mineur, il n’a pas de famille pour l’attendre, sa mère refaisant sa vie. Errant parmi les gays marginaux de cette ville au rythme infernal, il rencontre notamment Ronaldo, pas vraiment mieux loti que lui, mais chaleureux.
Film avec, on s’en doute, une résonance particulière et essentielle dans le Brésil contemporain, Baby a surtout comme qualité de ne rien assombrir à outrance. Son réalisateur, le nouveau venu Marcelo Caetano, a l’art de produire avec l’équipe qu’il dirige des images nettes et belles, mais qui affichent pourtant leur réalisme. On sent la vie globalement partout, au sein de cet enchaînement de rencontres et de galères. Peut-être que ce côté à la fois attachant et très vrai provient du mouvement général donné au film : celui d’une course qui ne s’arrête presque jamais. Même lorsqu’ils sont menacés ou connaissent des galères, les mettant notamment en difficulté par rapport à plus puissant qu’eux, les personnages portent en eux une flamme, une urgence de vivre. Et tous occupés à essayer de survivre, ceux et celles que croise le protagoniste sont à l’origine du souffle du long-métrage. A ce titre, sa durée peut être jugée un peu excessive : au bout d’un certain moment, certaines séquences semblent des redites. C’est que le film préfère observer la vie qui se déroule plutôt que d’expliquer à outrance.
Un mouvement enflammé perpétuel, de plan pas simple en plan pas simple – impliquant trafics de drogue, sexe en échange d’argent avec des gens plus ou moins bien intentionnés, menace de la prison ferme à chaque faux pas… – et tout ça dans une ville apparaissant tentaculaire et anxiogène : les pauses sont méritées, en conséquence. On aime par exemple, en tant que spectateur, passer un peu de temps avec la famille recomposée de Ronaldo, pas sur le modèle traditionnel et tant mieux : dans ces scènes, l’acteur Ricardo Teodoro dévoile sa palette. Et on apprécie encore davantage la virée à la campagne en forme de visite à la mère du protagoniste central. Longue séquence suspendue, plus calme tout à coup, au fil de laquelle une foule de choses se disent ou se suggèrent. Ici, c’est le jeune Joao Pedro Mariano qui se montre vraiment excellent, comme en quête de sa place, dans le scénario comme dans la vie qu’on aperçoit dans les images.
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Baby sortira dans les salles de cinéma françaises le 1er novembre 2024, distribué par Epicentre Films.
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Visuel : affiche française de Baby (c) Epicentre Films