Cannes : « May December », l’hommage vénéneux de Todd Haynes à Hollywood

Une star hollywoodienne (Natalie Portman) vient jusqu’à Savannah en Georgie pour travailler son nouveau rôle et rencontrer celle qu’elle va incarner : Gracie. La soixantaine élégante, Gracie est sur le point de voir ses deux enfants terminer leurs études. Leur papa (Charles Melton) a 23 ans de moins que leur maman et était un adolescent de 13 ans quand ils ont commencé à se fréquenter Ils ont fini par se marier et faire leur vie ensemble après que Gracie ait fait de la prison pour abus de mineur.

Jeux d’âges et de miroirs

C’est Natalie Portman qui a soumis le scénario de Samy Burch à Todd Haynes et c’est aussi elle qui co-produit ce film très indépendant et tourné en 23 jours ! Sur une musique géniale, reprise de la BO que Michel Legrand avait composé pour The Go Between de Joseph Losey, les jeux de miroirs entre deux femmes se rencontrant à des tournants de leurs vies sont une expérimentation cinématographique libre et assez enivrante.

Inspiré par des histoires de tabloïd comme celle de Kay Mary Letourneau, May December maquille le fait divers avec des paillettes hollywoodiennes. Le film assume à la fois son glamour et ses clichés. Les deux femmes, l’une au printemps, l’autre en hiver, sont de plus en plus semblables, dans un jeu de gémellité qui semble empoisonner lentement le héros masculin.

Todd Haynes rend hommage à Hollywood

Ce passé qui remonte dans la chaleur de l’été nous plonge dans un univers à la fois plaisant et pervers, que la fluidité de la mise en scène et l’excellence des actrices subliment. Jusqu’à un final de mise en abyme, qui est un hommage doux amer assez génial au 7e art. Des Palmes semblent tout à fait possibles pour cet opus surprenant et entraînant de Todd Haynes.