Présenté en séance spéciale à Cannes, Le Théorème de Marguerite d’Anna Novion suit une jeune normalienne en thèse de mathématiques sur la mythique conjecture de Goldbach.
Alors que sa vie entière est dévouée aux mathématiques, Marguerite (Ella Rumpf, parfaite) subit coup sur coup le désarroi de voir son directeur de thèse (Jean-Pierre Darroussin, excellent en prof sadique) la lâcher pour un jeune chercheur d’Oxford, et de voir qu’il y a une erreur dans sa démonstration en présentant ses travaux devant un grand public. Elle décide alors d’abandonner Normale Sup’ et la thèse. Elle qui planait en chaussons rue d’Ulm emménage avec une colocataire danseuse et gagne sa vie comme vendeuse. Mais du mah-jong aux sentiments, les mathématiques sont partout…
Alors que la jeune chercheuse transforme tous les murs de sa piaule en tableau noir, Anna Novion parvient à rendre non seulement l’obsession mais également les mathématiques totalement cinématographiques. Même pour les néophytes, c’est un bonheur de suivre ce qui concentre et fascine tellement les héros du film. Il y a presque quelque chose de chevaleresque dans cette discipline exigeante, tyrannique et souvent traitresse.
Mais ce qui crée réellement le ravissement est peut-être avant tout l’éclosion du personnage. Dans un contexte qui rappelle forcément le mythique Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) d’Arnaud Desplechin, le récit initiatique est plus classique et lumineux. Il est d’ailleurs presque « traditionnel » avec une Cendrillon sublimée par son prince. Un très joli conte contemporain.
Le théorème de Marguerite, de Anna Novion, avec Ella Rumpf, Jean-Pierre Darroussin, Clotilde Courau, Julien Frison de la Comédie Française et Sonia Bonny, France, 2023, 112 min. En séance spéciale à Cannes. Sortie française chez Pyramide le 21 octobre 2023.
Visuels © TS PRODUCTIONS – Photographe Michaël CROTTO
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