Palme d’or en 2018 avec Tel père, tel fils, le japonais est présent pour la 7e fois en compétition officielle à Cannes. Avec une équipe technique renouvelée, il signe avec Monster un flm comme il en a le secret : à la fois cruel et sensible, poétique et grinçant. Les fans ne seront pas déçus.
Monster nous plonge au coeur de la relation assez fusionnelle entre un adolescent de 12 ans, Minato et sa maman. Le père est mort et la mère se préoccupe beaucoup de son fils. D’autant plus que ce dernier a un comportement inquiétant : il a tendance à sauter en route de la voiture, à avoir des accès de violence, à se couper les cheveux tout seul et à dire qu’il a un cerveau de porc. C’est le professeur de Minato qui est en question: il se montre sévère à la limite de la violence avec l’adolescent. La mère va parler à la directrice de l’école…
Avec un sens du rythme dont il a le secret, Hirokazu Kore-Eda aborde dans un axe doux-amer des niches dans les relations humaines. Le lien mère-fils est subtil : il commence par la contemplation d’une immeuble en flammes. Il est aussi ponctué par les souvenir de ce que la mère faisait quand elle était enfant. Le mal-être du jeune-homme envahit l’écran, et l’on se dit que l’un des grand talents de Kore-Eda est de réussir là où la plupart des autres cinéastes font défaut : sa caméra s’intéresse en effet vraiment aux enfants, qui sont réellement interrogés et ne sont pas de simple faire-valoir.
Tant et si bien, que le film dérive peu à peu de son complexe d’œdipe initial pour ouvrir la liaison au comportement et à la réprobation apportée au professeur. Mais aussi pour nous permettre de voir naître une relation très forte avec un garçon de son âge et aussi facile que lui. Cette amitié ouvertement amoureuse mais subtilement amenée est l’occasion pour Kore-Eda de suivre les deux jeunes dans leurs cabanes et trains imaginaires. Une échappée belle qui apporte beaucoup à l’esthétique d’un opus très réussi.
Monstre (Kaibutsu) de Hiratsu Kore-Eda, avec Andō Sakura, Nagayama Eita, Kurokawa Soya, Hiiragi Hinata, et Tanaka Yūko, Japon, 2023, 2h06. Sortie Français prochainement au Pacte, en compétition officielle au 76e Festival de Cannes.
visuels (c) Le Pacte
Pour lire tous les articles « cult. » sur le Festival de Cannes 2023, cliquez.