Cannes, Compétition : « Rapito », Marco Bellocchio méticuleux sur l’Affaire Mortara

par La redaction
24.05.2023

Incontournable au Palais du Festival, le réalisateur du Traitre et de la série Esterno Notte est cette année encore en compétition à Cannes avec Rapito (« L’enlèvement ») : une affaire qui a fait le tour du monde en 1859 et qu’il traite comme un opéra.

Bologne, 1858. Relativement bourgeoise, la famille Mortara continue de vivre selon les rites de sa religion juive et entretient avec ses voisins catholiques de très bons rapports. Jusqu’au jour où l’Inquisition vient leur enlever de force un de leurs enfants, Edgardo. Il aurait été converti par une nourrice quand il était en bas âge et doit selon le Vatican grandir dans la foi catholique. Le petit est emmené à Rome et une longue bataille commence pour ses parents, aidés de la presse et de soutiens internationaux, pour récupérer leur fils…

Un arrachement opératique

C’est comme un opéra où le méchant serait le pape. Les décors sont soignés, les intervenants sont tous beaux et bien habillés et ils geignent, lèvent les bras en l’air et se trainent par terre quand ils sont outragés. L’idée de se focaliser sur l’éducation et la manipulation du petit garçon arraché aux siens serait bonne, si elle donnait un angle auquel s’accrocher. Mais « chema » contre « Pater », la querelle théologique, aussi bien que l’impact psychologique, tournent court. Si le drame de la famille Mortara est devenu une « Affaire », avant même celle du Capitaine Dreyfus, c’est qu’elle a interpelé l’opinion du monde entier – et notamment les libéraux – sur les limites à donner au pouvoir de la religion et de l’État, face aux individus et aux familles. Alors que l’enchevêtrement de cette réflexion politique est complexe, l’on s’ennuie pas mal tout au long du film, avec l’impression que tout est beau, mais qu’on passe à côté du sujet.

Rapito, L’enlèvement, de Marco Bellochio, avec Fausto RUSSO ALESSI, Barbara RONCHI, Enea SALA, Leonardo MALTESE, Paolo PIEROBON, Bruno CARIELLO et Fabrizio CONTRI. Italie, 2033, 125 min, En compétition officielle au 76e Festival de Cannes, Sortie française le 25.10.23.

Pour lire tous les articles « cult. » sur le Festival de Cannes 2023, cliquez.

Cannes, Compétition : « Rapito », Marco Bellocchio méticuleux sur l’Affaire Mortara

Un arrachement opératique

Cannes, ACID : « In retreat » et sa nuit bien filmée

Cannes, En Compétition : « The apprentice », comédie biopic très moyenne, aux choix bizarres

Cannes, Un certain regard : « L’Histoire de Souleymane », magistralement réalisé et joué

Cannes, Jour 4 : Audiard décevant, Cage réchauffé et Pârvu terrible et émouvant