Cannes, Compétition : « Rapito », Marco Bellocchio méticuleux sur l’Affaire Mortara

Bologne, 1858. Relativement bourgeoise, la famille Mortara continue de vivre selon les rites de sa religion juive et entretient avec ses voisins catholiques de très bons rapports. Jusqu’au jour où l’Inquisition vient leur enlever de force un de leurs enfants, Edgardo. Il aurait été converti par une nourrice quand il était en bas âge et doit selon le Vatican grandir dans la foi catholique. Le petit est emmené à Rome et une longue bataille commence pour ses parents, aidés de la presse et de soutiens internationaux, pour récupérer leur fils…

Un arrachement opératique

C’est comme un opéra où le méchant serait le pape. Les décors sont soignés, les intervenants sont tous beaux et bien habillés et ils geignent, lèvent les bras en l’air et se trainent par terre quand ils sont outragés. L’idée de se focaliser sur l’éducation et la manipulation du petit garçon arraché aux siens serait bonne, si elle donnait un angle auquel s’accrocher. Mais « chema » contre « Pater », la querelle théologique, aussi bien que l’impact psychologique, tournent court. Si le drame de la famille Mortara est devenu une « Affaire », avant même celle du Capitaine Dreyfus, c’est qu’elle a interpelé l’opinion du monde entier – et notamment les libéraux – sur les limites à donner au pouvoir de la religion et de l’État, face aux individus et aux familles. Alors que l’enchevêtrement de cette réflexion politique est complexe, l’on s’ennuie pas mal tout au long du film, avec l’impression que tout est beau, mais qu’on passe à côté du sujet.