Après Sweat en 2020, Magnus von Horn est de retour en compétition à Cannes et nous plonge -en noir et blanc- dans le quotidien d’une ouvrière à Copenhague à la fin de la Première Guerre mondiale. Un film expressionniste où Vic Carmen Sonne crève l’écran.
La Jeune femme à l’aiguille, c’est Karoline, couturière dans une usine de textile réquisitionnée pendant la Première Guerre mondiale pour confectionner des habits militaires. Le Danemark est neutre mais son mari est l’un des rares à être allé se battre dans les tranchées , il a disparu pendant un an quand commence le film. Seule, elle n’arrive pas à payer son loyer et se fait expulser… L’aiguille, c’est celle qu’elle utilise aux bains pour essayer de faire passer le bébé que son patron lui a fait. Elle rencontre à cette occasion, Dagmar (Trine Dyrhom) qui propose de l’aider en faisant adopter son enfant…
Avec cette histoire digne d’Emile Zola, le traitement en noir et blanc et le travail expressionniste de la lumière fait immédiatement penser à Carl Theodor Dreyer. Dès la première scène, où les visages se déforment et se démantèlent, il y a de la punition divine dans l’évocation des « gueules cassées » de cette Première Guerre mondiale qui a décimé l’Europe. Film en costume, La jeune femme à l’aiguille condense les thèmes obsessionnels de l’entre-deux-guerres: Landru, les grands procès, les « monstres », l’indépendance croissante des femmes, les sorcières, les faiseuses d’ange et même, le cirque. C’est peut-être là où le film pêche un peu en drainant sur sa longueur tous ces éléments avant de nous permettre de nous concentrer sur la relation entre Karoline et Dagmar. Et de comprendre que la situation de Karoline est ici sans aucune transcendance divine, mais seulement conditionnée par l’usage de drogues diverses et puissantes que toutes et tous prennent pour pouvoir tenir.
Il est très possible que le duo Vic Carmen Sonne et Trine Dyrholm soit récompensé par une double palme pour leur performance magistrale.
La jeune-femme à l’aiguille, Pigen med nålen , de Magnus von Horn, avec Vic Carmen Sonne, Trine Dyrholm,Danmark, Pologne, Suède, 115 minutes. En compétition au 77e Festival de Cannes.
Visuel(c) Lukasz Bak
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