Plongée dans le quotidien de deux urgentistes new-yorkais, Black Flies de Jean-Stéphane Sauvaire est un film métaphysique, porté par Sean Penn et Tye Sheridan, en compétition à Cannes.
À Brooklyn, dans le quartier de Bushwick, le jeune Cross (Tye Sheridan, magnétique), commence à bosser comme ambulancier, tout en espérant réussir médecine. Il a pour coéquipier un « ancien » au cuir tanné et habitué au bain de violence de leur métier, Rutkovsky (Sean Penn). Les missions se succèdent comme les patients dans un épisode d’Urgences, sauf que ceux-là – criblés de balles ou pleins d’eau dans les poumons – ont souvent peu de chance de s’en sortir. Et que, surtout, drogués, mafieux ou fous, certains peuvent se montrer violents à l’égards de leurs soignants…
Jean-Stéphane Sauvaire nous avait fait vivre le quotidien d’enfant soldats dans Johnny Mad Dog en section Un certain regard. Pour Black Flies, il revient, à New York cette fois et sur le quotidien sismique de deux ambulanciers. L’immersion tient une bonne partie de ses promesses…
En effet, l’on suit bien l’initiation de l’urgentiste dans ce film qui sait faire peser le quotidien assez effrayant des deux ambulanciers. Adaptation du livre 911 de l’auteur de romans noirs américains Shannon Burke, Black Flies crée un rythme et une atmosphère dans un Brooklyn toujours rougeoyant de crépuscule, même la nuit. Si le personnage de Sean Penn aurait pu être plus creusé, les affres existentielles de la jeune recrue sont joliment évoquées. Elles scandent un film qui oscille entre le documentaire et la fable métaphysique sur les limites entre la vie et la mort.
Black Flies, de Jean-Stéphane Sauvaire, avec Tye Sheridan, Sean Penn, USA, 2023, 120 minutes, En compétition au 76e festival de Cannes.
Visuel © David Ungaro
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