Deux ans après The French Dispatch, le réalisateur américain Wes Anderson est de retour en compétition au Festival de Cannes avec un film rétro et truffé de mises en abyme. Le monde entier est un théâtre, le cinéma aussi.
En noir et blanc, Asteroid City nous présente les coulisses de la création d’une pièce de théâtre mythique. Il y aura trois actes, avec des scènes annoncées et regroupées, et un entracte facultatif. Surtout, il y aura beaucoup de suspense quant à savoir si la pièce pourra être jouée, et par qui. Dès que le décor est annoncé, un train nous emmène avec des couleurs et une allure vive vers le lieu-dit Asteroid City.
Nous sommes en 1955, au milieu du désert, là où un énorme cratère abrite un astéroïde venu d’une autre galaxie. Chaque année, les adolescents les plus inventifs du pays en termes d’air et d’espace, sont réunis et récompensés en ce lieu unique. Sont venus notamment un photographe de guerre avec son fils de quinze ans surdoué et ses trois petites filles (on retrouve avec joie Jason Schwartzman de Darjeeling Limited), ainsi qu’une comédienne célèbre (Scarlett Johansson) et sa fille, également surdouée. Mais au moment de la remise des prix, une apparition vient tout contrarier. Une étrange quarantaine commence…
Avec la flamboyance et le caractère appliqué qu’on lui connaît, Wes Anderson nous propose à nouveau de rencontrer une galerie de personnages qui sont pratiquement tous chercheurs ou artistes. Là où The French Dispatch donnait à voir un magazine à l’écran, Asteroid City creuse la piste de la pièce de théâtre. C’est plus classique, avec des oppositions que l’on connaît : New-York/Hollywood, metteur en scène/actrice, sentiments joués/vécus. Mais c’est très bien exécuté du début à la fin, très beau visuellement, et surtout porté par un chapelet d’immenses acteurs qui s’en donnent à cœur joie.
En l’absence de scénarios plus fouillés, ce sont d’ailleurs peut-être eux qui sont le vrai lien entre théâtre et cinéma : malgré la perfection souvent froide de la structure, il y a toujours une grande chaleur dans les films de Wes Anderson. Et elle provient de l’atmosphère de « troupe » qu’il nous laisse imaginer sur le plateau. Une complicité qui fonctionne particulièrement bien dans ce film qui fait le pont entre théâtre et cinéma.
Asteroid City, de Wes Anderson, avec Scarlett Johansson, Jason Schwartzman, Tom Hanks, Bryan Cranston, Tilda Swinton, Rupert Friend… En compétition officielle au 76e Festival de Cannes, sortie française le 21.06.2023
Visuels © Universal Pictures
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