Plongé dans une nuit enveloppante, ce long-métrage s’attache à l’errance d’un homme dans sa petite ville d’origine d’Inde, où il s’est rendu à contrecoeur.
Tout ou presque, dans In retreat, se déroule la nuit. Cette dernière fait un peu s’estomper la notion exacte du temps qui passe, et bientôt, on ne sait plus totalement si l’intrigue se passe au cours d’une seule nuit. On croise des silhouettes à l’image, d’abord chez elles pour certaines, puis lancées dans les rues d’une petite ville rurale d’Inde. Elles ne se croisent pas forcément les unes les autres. Au coeur de cette longue plage de nuit montrée, chacun a sa nuit propre. Au premier rang, on distingue tout de même un homme faisant son retour après une longue absence, qui tourne et retourne afin d’éviter de rentrer chez lui, en fait.
In retreat n’est pas triste à outrance. Et pas poseur. Il est suspendu, évoluant au gré d’un scénario un peu éclaté, et il reste centré sur cette idée de nuit, surtout. Celle-ci apparaît bien filmée : les plans prennent leur temps, rien n’est souligné à l’image. Et surtout, de temps à autres, c’est l’architecture de cette petite ville qui est cadrée, davantage que les silhouettes qui y errent. On a le temps, alors, d’estimer la manière dont l’atmosphère nocturne et cette cité se mêlent. Et deviennent plus ou moins enfermantes pour les âmes qui s’y promènent, de manière à s’y perdre, peut-être.
Celles et ceux dont on emboîte les pas ne se livrent pas totalement, elles et ils marchent avec leur mystère. A certains instants, on aurait aimé davantage de tenue : parfois certaines séquences paraissent s’éloigner du thème et du concept général du film, et diluer un instant son fil principal. Il n’en reste pas moins que ce métrage invite à une sorte de vraie visite. Pas tant sociale ou réaliste ou encore métaphorique qu’aérienne, essayant de côtoyer des âmes, de traduire un petit peu leur peine, de donner un peu à les connaître très légèrement. Tant mieux : ce qui donne tout n’est plus très fascinant.
*
Visuel : affiche anglophone d’In retreat (c) Varsha Productions