Ce samedi 17 mai, c’est au tour de La Danse des Renards d’être projeté à la Quinzaine des Cinéastes sur la Croisette. À cette occasion, nous sommes allés regarder le long-métrage en avant-première à Paris.
Dans un internat sportif, Camille, un jeune boxeur virtuose, est sauvé in extremis d’un accident mortel par son meilleur ami Matteo. Alors que les médecins le pensent guéri, une douleur inexpliquée l’envahit peu à peu, jusqu’à remettre en question ses rêves de grandeur.
Ce qui frappe, c’est le casting. Pour son tout premier long-métrage, Valéry Carnoy a fait le choix de travailler avec des acteurs sans expérience préalable en réalisant un casting sauvage. Pari osé…pari réussi. Dans le rôle principal, Samuel Kircher incarne Camille avec brio. Le jeune acteur a par ailleurs été nommé pour le César de la Meilleure révélation masculine, et on le retrouve également sur les écrans cannois dans L’Engloutie de Louise Hémon.
Bien que sa famille soit ancrée dans le cinéma, son jeu d’acteur est le fruit de longs mois de travail sous le regard affuté du réalisateur. Il est d’ailleurs le seul qui n’est pas boxeur, à l’inverse du reste du casting.
À ses côtés, un nouveau visage incarne Matteo : Fayçal Anaflous. Charismatique, il joue avec audace et assurance. Si les adolescents étaient inexpérimentés sur le plateau, une fluidité s’est tout de même installée à l’écran. On note aussi l’apparition du cinéaste Jean-Baptiste Durand (Chien de la casse, César du meilleur premier film), dans le rôle de l’entraîneur de boxe.
(Attention spoiler !)
Au-delà de l’univers viril de la boxe, le film interroge sur l’amitié. Dans leur lycée sport-études, Camille et Matteo sont liés d’une profonde amitié. Après la guérison de sa blessure, Camille en ressent des douleurs psychosomatiques qui l’empêchent de poursuivre son ascension vers la carrière qui lui était promise. Bien que son bras ait cicatrisé, sa plaie intérieure, elle, reste grande ouverte. L’avenir sportif du boxeur est alors compromis pour des raisons que son entourage peine à comprendre. Matteo le premier. Tant soucieux que bienveillant, il s’efforce de trouver le fond du problème. Mais à force de pousser Camille, qui en plus d’être taciturne, se sent brusqué, leur amitié se dégrade brutalement. Cette tension, Valéry Carnoy l’a symbolisée par des renards qui apparaissent aux moments forts du film. Lorsque le renard meurt, l’amitié s’enterre (temporairement) avec. Pour autant, cette métaphore de l’amitié reste assez discrète et poétique, sans que le réalisateur tombe dans un symbolisme trop évident. Le lien se remarque tout de même facilement, mais sans prendre trop de place dans le récit. Un équilibre bien trouvé.
Visuel : © Jour2fête