Ce nouveau film du duo de réalisatrices ayant signé Les Pires accroche à fond du fait des prestations de ses actrices, toutes fantastiques.
Des gamines et gamins de familles pas riches des tours de la Place des Fêtes, à Paris, partent pendant l’été en colonie de vacances dans la Drôme grâce à des animateurs et travailleurs sociaux de leur quartier. Parmi les encadrantes, notamment, il y a deux amies, Shaï et Djeneba. Elles sont venues gagner un peu d’argent, et mettre à distance leurs gros problèmes. Dans ce contexte très métissé et joyeux, les gamines et gamins jouent aux grands, et les grandes et grands tentent de faire leur âge.
Ma frère vaut au premier chef pour son interprétation. Shirel Nataf s’avère assez incandescente lorsqu’elle incarne à fond ses sentiments : alors qu’elle désirerait juste vivre son histoire avec Ismaël, elle sait que c’est impossible, que sa famille n’acceptera jamais le rêve qu’elle a. Fanta Kebe, de son côté, impressionne lorsqu’elle doit gérer, à distance, une situation dont ne s’occupe pas sa mère, absente en permanence. Tous les enfants du film, par ailleurs, sont exceptionnels, si naturels dans les situations qu’ils jouent.
Le film séduit aussi en ce qu’il donne à voir un reflet passionnant des temps actuels, à travers entre autres le personnage incarné par Yuming Hey, acteur charismatique et ici animateur non-binaire qui ne dérange personne de par son identité. On aime aussi observer la part de rapport nouveau entre filles et garçons de la colo (cette dernière étant encadrée par la cheffe Amel Bent, qui livre une très bonne interprétation elle aussi). Le long-métrage apparaît comme une bonne photographie d’une partie de l’état social actuel, au sein duquel une foule de choses restent néanmoins à faire. Une photographie vivante, très vivante, s’entend.
Du fait de la direction d’actrices et acteurs, essentiellement, les différents parcours passionnent et l’émotion passé toute seule. Ne reste alors plus qu’à se laisser porter, aux côtés de ces figures, au fil des activités et péripéties de cet été plutôt solaire. Avec la gravité qui s’invite souvent, avec une grâce un peu triste, comme lors de ce passage où une rescapée de la Shoah raconte ses semaines d’enfant cachée aux gamines et gamins en vacances, qui se lancent ensuite dans un touchant échange avec elle.
Ma frère sortira dans les salles de cinéma françaises le 7 janvier 2026.
L’Arras Film Festival se poursuit jusqu’au dimanche 16 novembre.
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Visuel : affiche de Ma frère © StudioCanal