Après notre envoyé spécial Geoffrey Nabavian, c’est au tour de notre journaliste Camille Griner de se rendre à la 26ème édition du Arras Film Festival. Retour sur sa première journée, durant laquelle elle a découvert deux longs métrages en Compétition Européenne et un film de la section « Visions de l’Est ».
Arrivée avec un léger retard en gare d’Arras, il a fallu avaler un snack en vitesse pour maximiser les forces avant de courir au Mégarama de la Grand-Place. La météo est grise mais l’ambiance est conviviale au Arras Film Festival, en cette journée qui marque le début des projections des films en Compétition Européenne. Au nombre de neuf, ces longs métrages internationaux inédits se défient pour les nombreuses récompenses remises en fin de festival : Grand Prix du Jury (Atlas d’Or), Prix de la mise en scène (Atlas d’Argent), Prix du Public, Prix de la Critique et Prix Regards Jeunes. Et les hostilités débutent avec le dernier né d’un habitué du festival : Una Figlia d’Ivano de Matteo.
Pour son huitième long métrage, le réalisateur made in Rome continue son exploration des relations humaines en relatant ici l’histoire de Sofia (Ginevra Francesconi), ado’ élevée seule par son paternel Pietro (Stefan Accorsi). Veuf depuis plusieurs années, le père de famille tente de refaire sa vie avec une nouvelle compagne, mais la réaction de sa fille se révèle explosive et met Pietro à (très) rude épreuve. Dès les premières séquences, le film laisse transparaître une mise en scène naturaliste et une approche scénaristique réaliste, qui basculent dans l’horreur le temps d’un panoramique vertical qui se fige sur la main ensanglantée de Sofia. Ambiance. Drame familial de prime abord prometteur, Una Figlia pêche pourtant par son côté prévisible et un surplus régulier de pathos. Le film laisse donc malheureusement sur le côté, malgré des pistes réflectives des plus intéressantes, qui rappellent l’un des projets précédents du réalisateur, Nos Enfants (2014).

Una Figlia © D. R.
La suite de la journée continue avec la première française de Renovation, également en Compétition Européenne. Premier long métrage de la réalisatrice lituanienne Gabriele Urbonaite, ce drame foisonnant dresse le portrait doux-amer d’Ilona (Žygimantė Jakštaitė), 29 ans, qui vient d’emménager dans un nouvel appartement avec son compagnon. Bien vite, la rénovation de l’immeuble bouleverse son quotidien, et sa rencontre avec Oleg (Roman Lutskyi), un ouvrier ukrainien, craquelle l’image fantasmée qu’elle se faisait de l’existence. Miroir en filigrane d’une génération en manque de repères, et pourtant pleine de certitudes, le film oscille constamment entre humour et sensibilité pour mieux capter la déconstruction mentale de son héroïne. Déconstruction au diapason de son environnement, vous l’aurez compris. Et si certaines pistes narratives semblent parfois superflues, l’ensemble ne manque ceci dit jamais de tendresse et d’imprévisibilité, et rend curieux quant aux prochains projets de la réalisatrice.
Mi-figue mi-raisin en cette première journée de festival, c’est du côté du Casino d’Arras, et de la section « Visions de l’Est », que se déclenche le premier coup de cœur. Déjà mentionné par Geoffrey lors de son passage au Arras Film Festival, Le Garçon qui faisait danser les collines de Georgi M. Unkovski offre une dose délicieuse de tendresse et de fraîcheur en capturant les tribulations d’Ahmet (Arif Jakup), 15 ans, ado’ d’un petit village des montagnes de Macédoine. Quand il ne s’occupe pas des moutons de son père ou de son petit frère qui a cessé de parler, il rêve de musique et d’être DJ. Boosté par un humour malin et un onirisme qui fait un bien fou, le premier long métrage de fiction de Georgi M. Unkovski régale par son énergie et son authenticité, en plus d’être boosté par une bande son qui fait régulièrement onduler. Une pépite chaudement recommandée qui sort sur nos écrans en juin 2026.

Renovation © D. R.
Visuel : Le Garçon qui faisait danser les collines © Cinema Futura