Dans Animal, la réalisatrice grecque Sofia Exarchou fait le portrait d’une GO dans un resort pour touristes en masse. Prix d’interprétation aux Festival de Locarno et des Arcs, l’actrice Dimitra Vlagopoulou expose les coulisses sordides des vacances au soleil.
Animal suit donc la charismatique Kalia (Dimitra Vlagopoulou, qui avait déjà joué dans le premier long-métrage de Sofia Exarchou, Park, en 2016), qui a si bien multiplié les saisons dans le resort qu’elle y vit à l’année. Elle danse, anime, fait danser les vacanciers et propose avec les autres animateurs des spectacles et des fêtes sans fin. Mais la réalité se fissure derrière cette inaltérable énergie. Aucune relation n’est possible, la dépression guette et le corps devient un ennemi. Néanmoins, Kalia est sur scène et ne peut pas arrêter de jouer…
La grande force du film de Sofia Exarchou est de filmer les animateurs comme un groupe humain plutôt chaleureux où règne l’entraide, y compris vis-vis des nouvelles venues ! C’est par ailleurs un groupe d’artistes assez doués. Ainsi, le spectacle de marionnettes est absolument bluffant ! La réalisatrice décide également de ne jamais rien nous dire de la vie de Kalia en dehors de cette prison faussement dorée qu’elle s’est choisie. Du coup, la caméra suit comme un documentaire, au plus proche de ses gestes et son visage, ses démons qui se réveillent. Et elle montre ainsi, comme mis à nus, les rouages socio-économiques de cette chute assez terrible à vivre pour le spectateur. L’image est superbe. Le film propose un réalisme renouvelé et qui sait se rendre incontournable.
Sous le soleil brûlant d’une île grecque, c’est une certaine idée du cinéma qu’Animal partage et défend. Une idée sociale, politique et esthétique qui ne peut que nous impressionner.
Animal, de Sofia EXARCHOU, avec Dimitra VLAGOPOULOU, Flomaria PAPADAKI, Ahilleas HARISKOS, Chronis BARBARIAN, Ilias HATZIGEORGIOU et Danai PETROPOULEA, 2023, Grèce, Autrice, 116 minutes, Sortie le 17 janvier.
Visuel & Bande-annonce (c) Shellac