30e édition de L’Étrange festival : l’Inde et la Haute-Autriche

Kill de Nikhil Nagesh Bhat : dernier train pour Delhi

On en aura entendu des « oh », des « ah » ou des « ouf » de la part du public lors de la projection de Kill, film indien qui sortira dans nos salles le 11 septembre. En cause de cette réaction épidermique du public ? Une extrême violence totalement assumée de son réalisateur, Nikhil Nagesh Bhat.

Amrit, membre des forces spéciales, rejoint la femme qu’il a promis d’épouser, Turika, dans le Rajdhani Express, afin de la sauver de l’homme auquel elle s’est fiancée la veille. Mais la menace bien réelle est d’abord celle d’un groupe d’une quarantaine de bandits qui prennent le train en otage.

Kill se révèle très efficace, sans pour autant arriver aux grands films de train que sont par exemple Snowpiercer (2013) de Bong Joon-Ho ou Bullet Train (2022) de David Leitech. La faute sûrement à une géographie du train qu’on peine à comprendre, nous empêchant de placer où se trouvent les gentils et les méchants.

Mais là où Kill réjouit, c’est dans l’usage totalement décomplexé de sa violence. Tout ce que vous voyez dans un train peut tuer (faites fonctionner votre imagination !). Et si les quelques scènes romantiques peuvent paraître très « cheesy » pour le public européen, le cœur même du film convainc totalement.

The Devil’s Bath de Sevrin Fiala et Veronika Franz : une tristesse infinie

Dans la catégorie « c’est beau, mais c’est chiant », The Devil’s Bath se distingue particulièrement. Car le film est particulièrement beau plastiquement, mais manque aussi cruellement de rythme. Ce film autrichien, signé de la même équipe que l’intrigant et angoissant Goodnight Mommy (2015), n’allait pas jouter la carte de la rigolade, le ton étant annoncé dès l’ouverture, lorsqu’une femme jette son bébé du haut d’une cascade.

En Haute-Autriche, en 1750, Agnes vient de se marier. Joie et fêtes traditionnelles accompagnent la cérémonie, avant qu’Agnes ne s’inquiète vite de la maison achetée par son mari au milieu d’une forêt. Cette communauté de pêcheurs vit dans le froid et la brume. La vie est rude, la belle-mère un peu trop présente et la religion un ethos autant qu’un poids. Agnes s’enfonce dans une profonde mélancolie.

The Devil’s Bath n’est pas à proprement parler un film d’horreur, même s’il en reprend quelques codes. Avant tout film d’ambiance, le réalisateur et la réalisatrice recréent à la perfection un climat pesant, la monotonie des jours qui se succèdent et se ressemblent, l’ennui qui s’infiltre partout, tout cela servi par une magnifique photographie signée Martin Gschlacht. On pense beaucoup à The Witch (2016) de Robert Eggers qui créait lui aussi une communauté très croyante dans un coin campagnard reculé.

Le film peut pour autant surprendre dans son absence d’explications et son approche contemplative de la descente d’Agnes aux enfers. La dernière demi-heure apparaîtra d’ailleurs bien obscure avant qu’un carton final n’en révèle le pourquoi du comment. Adapté de faits réels, le film fait alors froid dans le dos.