Le premier long-métrage de la réalisatrice basque Estibaliz Urresola Solaguren, ayant remporté en février dernier le prix d’interprétation à la Berlinale, explore les remous de l’enfance et du genre à travers le portrait d’une famille basque, entre la France et l’Espagne.
20 000 espèces d’abeilles suit l’été de Lucia, sa mère et son frère, qui pour quelques semaines, retrouve leur famille dans un petit village du Pays-Basque espagnol. Si la transidentité de Lucia vient parsemer le récit, elle est toujours mise en perspective avec le regard des adultes. Avec douceur, on vit avec elle dans la chaleur de l’été, ses amitiés se faire et se défaire, sa liberté grandir, malgré un environnement aliénant. La névrose ne vient pas de l’enfant, mais bien des adultes qui l’entourent : des mensonges de sa mère à la rigidité maladive de sa grand-mère en passant par la frivolité apparente de la sœur de sa mère, le seul refuge de Lucia se trouve dans la nature, au milieu des abeilles et de sa grande tante apicultrice.
En effet, c’est dans la nature — la forêt, les champs et les montagnes basques – transpirant l’été, la chaleur, l’étouffement que le film puise sa force. Les couleurs chaudes apaisent autant qu’elles font suffoquer, mettant en relief les rapports familiaux conflictuels et le poids de cette famille dans la vie des personnages : source d’inspiration, mais surtout de comparaison et de secrets, le repos de l’été dans la maison familiale semble devenir une contrainte asphyxiante, dont Lucia se libère petit à petit, notamment en explorant la nature — qui devient refuge, mais aussi source de soin comme lui montre sa grande tante.
Ainsi, 20 000 espèces d’abeilles nous propose un voyage vers l’enfance, au cœur d’une famille dans laquelle chacun pourra se reconnaître, à la fois aliénante et protectrice.