Avec Nerona, Hélène Frappat signe un roman qui veut griffer l’époque mais qui finit par tomber dans la caricature.
Avec Nerona, Hélène Frappat imagine une dictatrice européenne déchaînée : paranoïaque, autoritaire, portée par un peuple aveugle à ses dérives, elle règne sur son pays à coups de décrets. Son credo ? Force, Énergie, Union. Son visage ? Celui d’une Lady Macbeth du XXIᵉ siècle, mélange de climatoscepticisme, d’astrologie et de romance souverainiste. À travers son sillage dévastateur, l’autrice dresse le portrait d’une Europe en pleine décomposition : combats de migrants télévisés, crimes d’État, trahisons et fébriles célébrations de pouvoir. Tout est là pour une satire mordante de notre époque.
Et pourtant, la lecture laisse un goût amer. On aurait voulu rire jaune, s’indigner, frémir devant cette dystopie trop proche de la réalité. Mais le trait est si appuyé, si caricatural, qu’on peine à entrer dans le jeu. Le roman s’emballe, en roue libre, et l’effet d’outrance finit par étouffer toute nuance. Reste l’intention, louable : alerter, caricaturer pour dénoncer. Mais à trop forcer le trait, Nerona perd son tranchant et laisse sa lectrice au bord de la route, frustrée de ce rendez-vous manqué.
Hélène Frappat, Nerona, sortie le 20 août 2025, Actes Sud, 160 p., 15 euros.
Visuel : @ Couverture du livre