Un roman qui respire la liberté et brûle d’imaginaire.
On pourrait croire que coincer deux personnages dans un immeuble désaffecté pendant quatre cents pages condamnerait le roman à tourner en rond. Mais c’est l’inverse qui se produit. Joffrine Donnadieu réussit un numéro d’équilibriste : donner à ce huis clos la respiration d’un grand large. Elle tisse un texte polyphonique, traversé par les voix intérieures de Marge, par ses visions et ses monstres nocturnes, et ce kaléidoscope donne au roman une amplitude rare. Sa langue est charnelle, sans fard, capable de dire la sexualité brute comme les effondrements intimes, sans complaisance mais sans vulgarité. Les scènes frappent, la folie affleure, le désir éclabousse : c’est cru, c’est vibrant, c’est vivant.
Avec Aux nuits à venir, Donnadieu signe un roman de haute voltige, où forme et fond se nourrissent mutuellement. Son écriture virevolte comme Marge dans ses numéros aériens, accroche la lumière avant de replonger dans l’ombre, et nous entraîne dans une spirale d’amour, de violence et de rêve. Énorme coup de cœur de cette rentrée, parce qu’il ne se contente pas de raconter une histoire : il pose la question qui nous traverse toutes et tous, un soir ou l’autre, dans nos propres cabanes intérieures : “Comment pourrait-on survivre sans imaginaire ?”
Joffrine Donnadieu, Aux nuits à venir, sortie le 21 août 2025, Gallimard, 400 p., 22,50 euros.
Visuel : © Couverture du livre