Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha, le couple de scénaristes-réalisateurs qui a réalisé Pardon (2020) et Ballade d’une vache blanche (2021), présente en compétition à Berlinale leur troisième long-métrage, Mon gâteau préféré (Iran, 2024). Un film gracieux, tendre et drôle qui bouscule les préjugés sur la vieillesse, le courage et les rapports entre les hommes et les femmes en Iran.
Interdits de voyager à Berlin pour la première mondiale de leur film et représentés à la conférence de presse par une photo, Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha ont regretté cette décision des autorités iraniennes dans une déclaration lue par Lily Farhadpour : « Nous avons décidé de franchir toutes les lignes rouges restrictives et d’accepter les conséquences de notre choix de peindre une image réelle des femmes iraniennes – des images qui ont été interdites dans le cinéma iranien depuis la révolution islamique. »
Mahin est une infirmière retraitée et veuve d’un médecin militaire. Incarnée par la formidable Lily Farhadpour, actrice, écrivaine, journaliste et militante pour les droits des femmes, la septuagénaire pétulante vit à Téhéran, dans une maison entourée d’un jardin somptueux qu’elle cultive avec amour. Elle y reçoit ses copines pour parler des hommes, de la vieillesse et des bobos qui l’accompagnent. Mais les visites se font rares, sa fille et ses petits enfants vivent à l’étranger et Mahin souffre de solitude.
Volontaire et romantique, Mahin décide de se trouver un compagnon à qui elle compte concocter de bons petits plats dont elle a le secret. Après avoir entendu un échange entre un groupe d’hommes dans un restaurant pour les retraités, elle jette son dévolu sur un chauffeur de taxi célibataire. Avec une détermination douce qui ne manque pas d’audace, Mahin provoque la rencontre avec Faramarz (Esmaeil Mehrabi), un homme attachant et respectueux qui ne peut croire à sa chance.
Le couple passe une soirée pétrie de charme, d’humour et de pudeur, arrosée par le vin que Mahin sort pour l’occasion et accompagnée de la musique interdite par la police des mœurs. « Que vont-ils faire ? Nous forcer à nous marier ? » rigole Faramarz qui semble tout à fait prêt à se soumettre à une telle punition. Retroussant son épaisse moustache blanche, il fait un clin d’œil espiègle à une Mahin radieuse avant de passer au petit coin pour avaler en cachette une petite pilule bleue. Les réalisateurs nous épargnent un happy end hollywoodien avec la poigne réservée aux choses fortes et éphémères qui sont là pour nous rappeler que la vie est imprévisible et que trop de bonheur nuit à la santé.
Dédicacé par les réalisateurs aux « femmes honorables et courageuses de notre pays qui sont montées en première ligne dans la lutte pour le changement social », Mon gâteau préféré est une délicieuse ode à la vie, à voir absolument !
Visuels : © Hamid Janipour