Arrivée au milieu du chemin de la vie, avec plus de 25 ans de vie d’écrivaine et de mère, Agnès Desarthe, fidèle aux éditions de l’Olivier, en révèle beaucoup sur ses origines quand elle partage son projet de terminer ses jours dans une communauté avec ses amis de jeunesse.
C’est sous les yeux bienveillants d’une amie toujours prête à aider chacun et chacune que la narratrice déploie son projet de rassembler les amis d’enfance qui en avaient exprimé le souhait pour créer une communauté de retraités. C’est un projet de vie qui remplacerait la maison de retraite et qui recueille une certaines sympathie : une banquière qui aime les artistes et les projets originaux, un ami architecte… Mais surtout, ce projet fait écho à ce que les grands-parents de l’auteure avaient réalisé dans les années 1970, dans le 13e, rue du Château des Rentiers…
Boris et Tsila, russophiles, ont donc emménagé avec une kyrielle d’amis aux accents yiddishs dans cet immeuble parisien où ils se côtoyaient. Et où la petite Agnès pouvait manger du gâteaux au noix et entendre des chansons comme Pietouchok ou Kozlik… Le travail préparatoire à son projet de maison pour ses vieux jours se mêle donc avec une enquête sur les origines de la famille. Le lecteur en apprend pas mal sur l’architecture qui se prête aux communautés de gens âgés, aussi bien que sur le passé juif-ashkénaze de l’auteure. Lorsqu’elle ose écouter le témoignage de sa mère pour la fondation Spielberg, elle apprend donc que cette dernière a été enfant caché… dans la Sarthe. Une bonne raison pour plus tard commencer à écrire et à se marier avec un Monsieur Desarthe. Et nous lecteurs, au bout de 15 romans chez l’Olivier, nous comprenons mieux certains textes : des origines obscures du personnage principale de Dans la nuit brune (2010) aux nouvelles du recueil Ce qui est arrivé aux Kempinski, en passant par les traductions de Cynthia Ozick, certaines choses s’éclairent… Mais sans que jamais l’auteure n’abandonne la beauté si « banale » et si directe des situations qu’elle relate.
Agnès Desarthe, Le Château des Rentiers, L’Olivier, 224 p., 19,50 euros. Sortie août 2023.
Visuel : Couverture du livre