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Au gala de Berlinale Special, Timothée Chalamet bluffant dans « Un parfait inconnu »

par Hannah Starman
16.02.2025

Au lendemain de la cérémonie d’ouverture, la presse découvre le biopic de James Mangold sur Bob Dylan quelques heures avant la première allemande du Parfait inconnu. Chalamet livre une performance remarquable dans un film sobre et rythmé au son des chansons de jeunesse de Dylan.

Timothée Chalamet convaincant en jeune Bob Dylan

 

L’acteur américain en lice pour l’Oscar du meilleur acteur, Timothée Chalamet (qui a également co-produit le film) réussit dans Un parfait inconnu une transformation impressionnante en jeune Dylan. Au lieu d’imiter l’artiste énigmatique, Chalamet capte son essence, son regard fuyant, son détachement et son phrasé particulier. Sourire narquois et sourcils froncées, il appuie le côté évasif et férocement indépendant de Dylan.

 

Chalamet s’est préparé pour le rôle pendant cinq ans. Il a appris le chant et la guitare et son interprétation live des chansons A Hard Rain’s Gonna Fall, Blowing’in the Wind, The Times They Are a-Changing’ et Masters of War est d’une épatante intensité. La reconstruction historique est méticuleuse, les costumes crédibles et le film capte l’énergie rebelle de la scène culturelle newyorkaise. Basé sur le livre Dylan goes electric ! d’Elijah Wald, le film raconte la transition musicale de Dylan du folk au rock’n’roll entre 1961 et 1965.

 

En face de Chalamet, Monica Barbara dans le rôle de Joan Baez incarne la voix, la gestuelle et la présence scénique de « la reine du folk » avec une justesse tout aussi impressionnante. La relation entre Dylan et Baez, mélant l’admiration réciproque et les différences irréconciliables, est traitée avec finesse. Leurs duos live, notamment la chanson emblématique Ain’t Me Babe, comptent parmi les moments les plus forts du film. Elle Fanning est une gracieuse petite amie de Dylan à New York, où il débarque de son Minnesota natal en 1961.

 

Une narration classique portée par une distribution remarquable

 

 

Dans les premières scènes, Dylan, guitare en bandoulière, rencontre son héros, le chanteur folk Woodie Guthrie (le très attachant Scoot McNairy) souffrant de la maladie de Huntington, une affection neurodégénérative rare et incurable. Dans sa lugubre chambre d’hôpital, Dylan chante ses compositions sous le regard admiratif de Peter Seeger, pionnier de la musique folk et militant des droits civiques. Merveilleusement interprété par Edward Norton, Seeger est un mentor paternel et bienveillant.

 

L’arc narratif sobre suit l’ascension fulgurante de Bob Dylan dans l’univers de la folk, de son arrivée à New York jusqu’au Festival de Newport le 25 juillet 1965. Ce jour mémorable, Bob Dylan change l’histoire de la musique et provoque un tollé en branchant une guitare électrique. Pour contrarier les gardiens de l’orthodoxie folk pour de bon, il décide de donner un concert entièrement électrique. Le public, stupéfait, proteste, hurle, siffle. Bob Dylan est contraint d’arrêter son set, mais le bien est fait. La musique folk et rock ne sera plus jamais la même après Newport.

 

Mangold réussit le pari d’une narration sobre et limpide, portée par le brillant Timothée Chalamet, de l’histoire d’une profonde transformation de l’identité émotionnelle et artistique de Bob Dylan. Évoluant d’un « parfait inconnu » à l’icône mondiale, Bob Dylan s’éloigne de la musique folk et son activisme politique pour retrouver son authenticité dans la rébellion créative du rock. A voir !

Visuels : © Macall Polay / Searchlight Pictures