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« A Different Man » à la Berlinale : une mascarade postmoderne

par Hannah Starman
20.02.2024

Entre le thriller psychologique, la satire horrifique et la comédie déjantée à la Woody Allen, le cinéaste new-yorkais Aaron Schimberg multiplie les genres et déconstruit ad nauseam l’identité de son héros pour accoucher d’une souris : une belle gueule ne garantit pas le succès. Le tandem Sebastian Stan et Adam Pearson est épatant dans un film qui a tous les ingrédients d’un grand, sans jamais y parvenir.

Edward (Sebastian Stan) est lourdement défiguré. Il souffre de neurofibromatose, une maladie incurable qui provoque la formation de tumeurs bénignes sur les nerfs. Edward se rêve acteur, mais les projets que l’on lui propose se limitent aux spots publicitaires promouvant l’inclusion sur le lieu de travail. Timide, il passe le plus clair de son temps à contempler le trou qui se forme dans son plafond et à guetter les pas de sa nouvelle voisine. Ingrid, interprétée par l’actrice norvégienne Renate Reinsve, est dramaturge. L’amitié qui se tisse entre eux réveille en Edward l’envie d’une plus grande intimité.

 

 

Lorsqu’on lui propose une procédure médicale expérimentale susceptible de le guérir, il l’accepte. Dans une séquence à cheval entre body horror à la David Cronenberg et science-fiction trash, la peau d’Edward se détache et tel un serpent en fin de cycle de mue, il retrouve sous les bandes sanguinolentes le visage de Bucky Barnes. Désormais beau gosse, Edward se réinvente en Guy, déclare Edward mort, et part à la conquête du monde. Sauf que rien ne se passe comme prévu.

 

Guy cartonne comme agent immobilier et couche avec Ingrid, mais quand il auditionne pour jouer son propre rôle dans Edward, la pièce de théâtre qu’Ingrid écrit pour son ami décédé, il se voit voler la vedette par Oswald. Interprété par le formidable Adam Pearson, l’acteur britannique atteint de neurofibromatose, Oswald conquiert les cœurs avec sa personnalité engageante, son charme désarmant et sa vitalité débridée. Fade et boudeur, Guy ne fait pas le poids. Au fur et à mesure qu’Oswald accumule les succès, dont la une du New York Times, Guy se dirige vers une fin misérable.

 

 

Au-delà de la morale un peu dyspnéique sur la primauté de l’âme sur le physique, A Different Man pose la question pertinente sur la légitimité de la représentation. « Si on fait jouer le personnage avec une prothèse par un acteur qui n’a pas de handicap, on est accusé de faire de l’appropriation, » explique Aaron Schimberg. « Et si on choisit un acteur handicapé, on est taxé d’exploitation. C’est perdant-perdant. J’ai choisi de faire les deux. »

Même si Schimberg ne va pas au bout de son ambition – et c’est bien dommage –, A Different Man mérite notre attention, ne serait-ce que pour son humour grinçant, la qualité des interprètes, l’effet 16 mm et une bande originale démentielle signée Umberto Smerilli.

Visuels : © Richard Hübner / Berlinale 2024 et © Faces Off LLC