La chanteuse cult a retourné l’Olympia avec une prestation empruntant autant aux concerts épurés de la chanson française, qu’aux clubs de techno survitaminés.
Quand elle arrive sur cette scène mythique où sont déposés aux quatre coins d’étranges instruments, Zaho de Sagazan semble chez elle. Elle a en effet investi l’Olympia pendant dix dates, un marathon qui se poursuit les 12, 14, 15 et 16 septembre. Toutes affichent complet.
Habillée simplement d’une veste par dessus une combishort noire façon cycliste – il en faut pour assumer une telle course de fond –, l’artiste aux cheveux blonds entonne les refrains de ses chansons les plus introspectives.
« On va continuer avec des chansons tristes », prévient-elle avec humour, devant une foule acquise. Elle gesticule, guidée par les variations des synthétiseurs modulaires que manipulent ses musiciens.
Elle hurle son vague à l’âme, cherche une issue, se bat face à un démon invisible ou bien une lumière inquisitrice, sous les coups des batteries et plaques de cuivre. Tout est parfaitement fonctionnel dans ce décor : l’un des musiciens utilisent toute la structure métallique pour produire du son.
Au milieu de cette tempête, une silhouette se dessine. Philippe Katerine s’assoit aux côtés d’une Zaho épuisée, couchée par terre. A deux, ils partagent la chanson du chanteur atypique « Un moment parfait ». Le calme revient, olympien. « Il m’a aidée sans le savoir », confie-t-elle alors qu’il quitte la scène.
« Avant, je pleurais tout le temps pour un rien. Et puis je me suis assise sur un piano et je pouvais pleurer autant que je voulais, ça ne dérangeait personne. Et surtout ça faisait de jolies chansons », sourit-elle au milieu du concert pour introduire son tube « La symphonie des éclairs ». Elle a désormais enfilé une chemise large blanche, plus lumineuse, plus ample. Un soleil se lève, orange sur fond bleu, à la David Lynch. Parce qu’on canalise la tristesse en l’exprimant « aux bons moments » assure Zaho de Sagazan, endossant un temps le costume de thérapeute.
Peu à peu, les refrains se font plus dansants. L’artiste aux quatre trophées aux Victoires de la musique 2024 se désarticule de plus en plus. Tel un pantin libéré, elle écoute son corps qui lui dit de lâcher prise sous les beats inlassables. Et nous incite à faire de même. L’ambiance feutrée de l’Olympia disparaît, remplacée par celle d’un club techno berlinois. La jeune femme collabore régulièrement avec sa sœur Leïla Ka pour ses chorégraphies, pouvant expliquer cette habileté à transporter le public.
« On est un peu déçus, on voudrait que vous dansiez plus », déplore Zaho de Sagazan avec malice. Son titre « Ne te regarde pas » devient un hymne à la danse, à la liberté, pulsé par des drops puissants. Tout le monde a quitté son siège, saute, débloque son corps. L’équipe – musiciens, techniciens, la production – de la chanteuse se lâchent sur la scène. Avec brio, la chanteuse prouve le pouvoir magique de la musique : rassembler et rendre plus léger. Le voyage prend fin, mais on est encore un peu dans les nuages.
Zaho de Sagazan enchaîne dix concerts à l’Olympia jusqu’au 16 septembre. ©Camille Zingraff