Le groupe mené par l’emblématique Ellie Rowsell était de passage à Paris pour défendre sur scène son nouvel album The Clearing. Auréolée d’une réputation de vraie « show girl », nous attendions avec impatience de découvrir la version live de cette nouvelle création.
Créé en 2012 par Ellie Rowsell (chant, guitare, écriture) et Joff Oddie (guitare), le groupe est rapidement rejoint par Theo Ellis (basse, chant) et Joel Amey (batterie, chant). Après deux EP prometteurs, Wolf Alice sort son premier album chez Dirty Hit, My Love Is Cool, accueilli avec enthousiasme aussi bien par la critique que par le public. Leur passage au festival de Glastonbury assoit définitivement leur réputation scénique.
The Clearing, sorti au mois d’août de cette année, marque leur cinquième production et leur premier album chez Columbia (Universal).
Ce concert parisien devait nous permettre de vérifier si cet album gagnait, sur scène, en dynamisme et en ferveur.
Le Zénith est configuré en format réduit, avec une fosse, d’environ 4 000 places. Pourtant, les gradins supérieurs restent clairsemés et la fosse n’affiche pas complet. Dans le public, l’anglais domine dans les conversations, signe que la notoriété du groupe n’a pas encore totalement traversé le Channel.
La scène, épurée, se limite à un rideau de franges argentées et une estrade équipée d’un escalier, qu’Ellie utilise pour soigner une entrée façon star de music-hall. Vêtue d’un justaucorps vert rappelant la pochette du dernier album, elle installe immédiatement une atmosphère « Wolfy » de Tex Avery dans la salle.
Mais dès l’ouverture sur « Bloom Baby Bloom », on comprend que l’on n’a pas affaire à une simple cousine alternative de Sabrina Carpenter. La voix d’Ellie, d’une puissance impressionnante, fait exploser le morceau, portée par une section rythmique solide et par un claviériste, complétant le groupe, remarquable. Elle utilise sa voix comme un véritable instrument : tantôt chatoyante, tantôt abrasive, montant dans les aigus avec une aisance déconcertante.
Le groupe enchaîne avec « White Horses », interprété en duo avec Joel, le batteur. L’un des titres les plus intéressants de l’album, servi ici par une prestation sans faille.
Les morceaux issus du dernier album dominent la setlist (huit sur dix-neuf), entre ballades pop (« Leaning Against the Wall », « Safe From Heartbreak » et le délicat « Play It Out ») et envolées plus rock, voir hard rock, (« Play the Greatest Hits », « Giant Peach » et « Smile »). Le choix et l’enchaînement des titres suivent parfois une logique qui nous échappe, rendant la progression du concert inégale.
La présence scénique d’Ellie ne suffit pas toujours à compenser la pauvreté de la scénographie, où la seule vraie fantaisie reste une boule à facettes. On assiste même à l’intrusion, au milieu du groupe, de jeunes femmes du public invitées à danser sur « Just Two Girls », une séquence qui donne une impression de fouillis un peu amateur.
À la longue, une forme de routine s’installe. Malgré l’investissement et la qualité musicale évidente des musiciens, l’inégalité dans les compositions finit par se faire sentir.
Pour l’unique rappel, Wolf Alice revient avec « Don’t Delete the Kisses », extrait de Visions of a Life (2017). Puis la salle se vide sur les notes de « Bohemian Rapsodie » (une autre époque !), clin d’œil nostalgique pour accompagner les spectateurs vers la sortie.
Au final, le concert laisse une impression proche de celle suscitée par l’album : une frustration diffuse. Wolf Alice regorge de qualités artistiques évidentes, mais le groupe pêche encore par une fragilité dans l’écriture de certaines compositions, qui peinent à captiver sur la durée.
Espérons que les progrès à venir les propulseront enfin dans la cour des grands. Le chemin n’est pas si long… mais c’est sans doute la côte la plus raide.
