Werenoi, figure montante du rap français, est décédé à 31 ans

Le monde de la musique, et la sphère du hip-hop en particulier, est en deuil depuis ce week-end. La star montante du rap, Werenoi, s’est éteinte samedi 17 mai à Paris, a annoncé son producteur Babiry Sacko, dit Babs, dans un message publié sur X : « Repose en paix mon frère, je t’aime. » Les proches de l’artiste, Jérémy Bana Owona de son vrai nom, confirment qu’il serait décédé des suites d’une « défaillance cardiaque ».

La fin brutale d’une ascension fulgurante

Werenoi, encore peu connu du grand public, était pourtant l’artiste français ayant vendu le plus d’albums en 2023 et en 2024 avec ses disques Carré et Pyramide devant des figures comme Jul, Billie Eilish ou encore Pierre Garnier. Plusieurs de ses titres ont marqué la scène rap française, notamment « Laboratoire », « Chemin d’or » ou « Pétunias », qui lui ont permis de cumuler 739 millions de vues sur YouTube et plus de 7 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify.

Le secret de son succès ? Un style sincère, mêlant mélancolie et vécu de la rue, porté par un travail acharné. En 2023, il avait reçu la Flamme de la Révélation masculine, et tout récemment, le prix de l’Album Spotify de l’année, attribué mardi 13 mai. Il se confiait au Parisien en janvier 2024 : « Le succès est arrivé vite, c’est vrai. C’est dû, je pense, à beaucoup de travail. Je passe quasiment ma vie en studio ».

Le rappeur de 31 ans n’avait pas pu se présenter à la cérémonie qui se tenait à la Seine Musicale de Paris, évoquant une « grosse blessure » dans une vidéo de remerciement. La veille de sa disparition, vendredi 16 mai, il avait également manqué un showcase, suscitant de nombreuses rumeurs sur son état de santé, certaines allant jusqu’à évoquer un coma.

Un artiste humble qui laissait planer le « mystère »

Mais alors, pourquoi Werenoi restait-il méconnu du grand public malgré cette réussite incontestable ?

L’homme qui se cachait derrière ses lunettes de soleil et un visage impassible préférait la discrétion, la modestie et le travail — des valeurs transmises par sa famille camerounaise installée à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Seul son public avait la chance de voir ses émotions sur scène, le seul endroit où il s’autorisait à être vulnérable. « Je préfère garder ma vie privée pour moi. À trop parler, tu peux dire ce que tu n’as pas envie de dire. Je préfère le mystère. J’en dis assez sur moi dans mes textes », déclarait-il.

Quelques heures après l’annonce de son décès, plusieurs titres du rappeur ont été retirés de certaines plateformes, comme YouTube, par son équipe. Ce retrait s’inscrit dans une volonté de respecter les convictions de Werenoi, qui était de confession musulmane, conformément aux souhaits qu’il avait exprimés. Plusieurs fans et médias spécialisés ont appelé à ne pas écouter ou diffuser ses morceaux. Le média Rap Plume a pris part à ce mouvement et a écrit à ce sujet :
« Werenoi était musulman, nous vous invitons à écouter le moins possible sa musique à l’avenir, par respect pour sa foi. […] Pour plus de précision, on est bien sur une « invitation » à ne pas le faire, pas une obligation. Son équipe retire actuellement ses morceaux sur YouTube par exemple. On suit juste cette volonté. Que chacun agisse comme il trouve juste. »