La Flûte enchantée est de retour au Théâtre des Champs-Élysées. Mais pour les 17 représentations, dont 11 scolaires, cette version en 1h30 de l’opéra de Mozart est participative ; une répétition était prévue le 21 janvier et du matériel est disponible pour apprendre les quelques interventions corporelles et chantées. Une audiodescription live et des ateliers de toucher de costumes sont également organisées. En ce dimanche 3 février, Cult.news assistait à la première représentation « publique » de Une petite flûte avec beaucoup de parents et d’enfants. Et c’était aussi convivial que sublime.
Le théâtre des Champs-Élysées était donc plein de familles avec des enfants de tous âges pour cette Petite flûte. Afin d’inclure vraiment tout le monde pendant environ vingt minutes – y compris ceux et celles qui n’avaient pas encore répété – la cheffe de chœur a passé en revue, avec une pianiste, l’ensemble des moments où nous participons à l’opéra. Les gestes sont simples et nous jouons souvent, et heureusement, le chœur quand nous chantons. Dynamique et drôle cette introduction est elle aussi traduite en langue des signes. La lumière s’éteint, elle se rallumera quand ce sera au public de participer et notre cheffe d’orchestre dédiée sera à suivre à gauche en bas de la scène.
Alors que Joël Solchez dirige les Siècles avec une énergie solaire, on entre dans cette Flûte dans une lumière bleue avec beaucoup de poésie. Une forêt, qui est aussi un temple à quatre colonnes, se dévoile ainsi que ses animaux qui courent (des marionnettes féériques portées par des acteurs vêtus de noir). On rencontre très vite Papageno (Adrien Fournaison, plus humain que truculent) et Tamino (Fabyen Hyon). L’univers mis en place par Julie Depardieu est assez classique : onirique et coloré comme dans un conte. Mais la part maçonnique est là, aussi bien que l’humour ; et des références intelligentes à l’Égypte puisque c’est sous le signe d’Isis que l’amour, la sagesse et la beauté se placent. Sous ses grosses dents de crocodile, Monostratos est finalement le seul « vrai » méchant, mais on a un peu pitié de lui aussi. Sobre dans des couleurs bleu-nuit, Anne Sophie Petit est géniale en Reine de la Nuit et, habillée en princesse de manga, Lauranne Oliva est une puissante Pamina, qui grignote presque le temps de scène de son preux chevalier (on verra surtout la première épreuve du silence). Le livret est en français, dans une traduction intelligente (beaucoup d’humour sur comment présenter le glockenspiel par exemple) ce qui donne vraiment un rapport immédiat aux dialogues.
Au fur et à mesure des questions des enfants (« elle va revenir la maman ? » ou « il est méchant lui ? » en pointant vers Zarastro), même les plus grands habitués revisitent cette flûte pleinement participative. Pari réussi, d’autant plus réjouissant que l’on apprend que grâce aux opéras participatifs, chaque saison, près de 12 000 enfants peuvent s’initier à l’art lyrique…
Une petite flûte est à voir jusqu’au 11 février au Théâtre des Champs-Élysées, au tarif de 10 euros pour les enfants et de 20 pour les parents. Il reste des places ; courez-y !
Visuel : © David Belugou