La pièce Dan Då Dan Dog de l’auteur suédois Rasmus Lindberg adaptée en français par Pascale Daniel-Lacombe et traduite par Marianne Ségol-Samoy est à découvrir en ce moment au Théâtre de Gennevilliers. Une comédie surprenante où les discours mélancoliques se chevauchent dans une quête existentialiste.
Les personnages se croisent, se surprennent ou se poursuivent dans une scénographie fragmentée en différents lieux et espaces temporels. Il y a la rue et le ponton, il y a le cimetière, et les intérieurs plus ou moins chaleureux des habitats des personnages. Et puis il y a le soir, la nuit, la veille ou le lendemain. Mais tout cela n’a pas d’importance. Si l’on s’oublie volontiers dans cette temporalité, on n’en perd pas le fil de l’histoire.
« Là c’est le soir. Là c’est le matin. Mmm ça, c’est un très bon café. » : voilà comment débute la pièce. Un couple assis sur un fauteuil tournoyant répètent ces mots en boucle. Que ce soit le soir ou le matin, il fait toujours nuit l’hiver en Suède et la pièce se déroule au cœur d’une nuit polaire aux tons bleutés. Plusieurs minutes s’écoulent et à mesure que le temps passe, ces répétitions s’accélèrent. Jusqu’à ce que le grand-père ne meurt. BAM ! Une croix tombe.
Tous les personnages ou presque se retrouvent pour assister à l’enterrement du grand-père. La tombe accompagne les personnages tout le long, seul élément du décor qui ne bouge pas. La mort est là, elle guette, elle attend. Mais l’atmosphère n’en devient pas trop pesante. Avec beaucoup de légèreté et d’humour Rasmus Lindberg raconte l’histoire de ces personnages, en proie à leurs propres angoisses. Les personnages apparaissent transparents devant les spectateur.ices, dévoilant leurs craintes au détour de longs monologues. Tandis que certains sont obnubilés par leur passé d’autres le sont par leur avenir. On rencontre alors un pasteur aux idées saugrenues (Ludovic Schoendoerffer), un petit ami maladivement jaloux (Etienne Bories), une jeune femme en quête d’amour et de sensations fortes (Mathilde Viseux), un médecin désespéré (Etienne Kimes) ou encore une grand-mère accrochée à son avenir (Mathilde Panis).
Il y a un chien-serpillière aussi : Sunny. Rebel, il s’échappe et rencontre tour-à-tour les différents personnages. Il leur apporte alors du réconfort, jouant et dansant avec eux. C’est autour de sa fugue que la pièce est articulée et c’est sûrement lui, qui se moque le premier de ces personnages.
Dans des discours presque tragiques sur leur existence, les personnages semblent enfermés dans un égocentrisme inarrêtable. Bloqués dans leurs carcans, parviendront ils à vaincre la spirale de leurs agissements ? Bien que les tensions finissent par s’apaiser, notamment grâce à l’envol de la grand-mère, on en vient à se demander si vraiment, les choses ont changées. Au sortir de la pièce, un sourire un peu moqueur mais surtout attendri se dessine sur les visages des spectateur.ices.
Du 13 au 17 mars au Théâtre de Gennevilliers.
Texte : Rasmus Lindberg
Mise en scène : Pascale Daniel-Lacombe
Dramaturgie et traduction : Marianne Ségol-Samoy
Comédien.nes : Mathilde Viseux, Etienne Bories, Jean-Baptiste Szézot, Etienne Kimes, Mathilde Panis, Ludovic Schoendoerffer, Marcel Gbeffa et Benoît Randaxhe.
Visuel : ©Xavier Cantat