Les 4 et 5 octobre, le Musée de l’Homme fêtait ses dix ans de réouverture avec un week-end spécial famille. Au programme : découverte d’un nouvel espace préhistoire pour les enfants, ateliers de peinture rupestre, lecture poétique et show musical avec Ariol. Immersion dans une programmation qui célèbre la transmission.
Dès l’entrée, on vous glisse au poignet un bracelet où figure cette citation solennelle de Germaine Tillion : « Je pense, de toutes mes forces, que la justice et la vérité comptent plus que n’importe quel intérêt politique ». C’est avec ces mots en tête qu’on s’aventure dans un week-end qui est aussi pensé comme une fête familiale, entre découvertes et transmissions, alors même qu’un nouvel espace entièrement dédié aux familles ouvre. Installé au sortir des escaliers du premier étage, avec son parc à poussettes et l’impératif de se déchausser, on convie les enfants de moins de 11 ans à s’aventurer avec leurs familles dans le passé de l’humanité. Au programme de cette immersion interactive : fabriquer un abri de Néandertalien, allumer un feu comme un.e homo erectus, grimper dans un arbre à la manière de Lucy l’Australopithèque, décorer une paroi de grotte comme nos lointain.es ancêtres homo sapiens.
Le temps de sortir de cet espace et de lorgner sur les immenses baies vitrées qui ouvrent tout le musée vers la tour Eiffel et nous voilà happé.e.s par la Galerie de l’homme, qu’on avait vue quand elle était encore en travaux ! Et, en effet, on a du mal à croire que le réaménagement du musée date déjà d’une décennie. Si, à l’entrée, les portes imposantes du grand hall art déco n’ont rien perdu de leur majesté, à l’étage, cette galerie interactive et plurilingue n’a rien perdu de son actualité. De manière intemporelle, de grandes vitrines historiques, soigneusement préservées, racontent l’évolution de l’humain et de son environnement. On y étudie la vie à travers des os retrouvés. Et le propos fait une part aussi belle aux rites funéraires et au sacré – au sens le plus universel – qu’au travail des scientifiques qui élucident les mystères de notre passé. Mais ce qui happe les plus jeunes, c’est aussi toute une série d’installations participatives : ici on explore les dialectes du monde du bout des doigts, là on tourne une manivelle pour saisir combien le temps de l’évolution humaine est dérisoire à l’échelle du vivant. Le corps s’implique, et c’est ce qui fait toute la différence.
En dix ans, le Musée de l’Homme s’est aussi imposé comme un lieu d’interrogations culturelles, avec des expositions très ouvertes et importantes sur les migrations, la préhistoire (lire notre article) ou le racisme ; avec des collaborations avec des artistes comme le regretté Sebastao Salgado ou Enki Bilal ; des incursions pop avec Blake et Mortimer ; toujours dans mélange réussi entre anthropologie, histoire et art, qu’on retrouvait dans la dernière grande exposition sur le wax (lire notre article). Et ces expositions ont toujours été accompagnées d’un programme de médiations et d’événements uniques en son genre.
Or, ce week-end d’ouverture a justement été une invitation à aller en famille à la rencontre de la programmation du Musée au sens large. Mini-conférences, tête-à-tête avec des scientifiques et visites guidées se sont multipliées. On a aussi entendu un conte Alma et la Vénus d’Ivoire, par Léonor de Récondo, dès 5 ans. Côté ateliers, on a découvert ce qui fait le quotidien du musée les week-ends, pendant les vacances et aussi pendant l’année pour les scolaires. « Histoires de graines » (dès 5 ans), mais surtout « Peindre la préhistoire », animé par Hugo, qui a travaillé dans les grottes de Lascaux, rien que ça ! Parents et enfants ont peint ensemble avec des ocres comme les hommes de Cro-Magnon. Cela a eu lieu sur un mur (de papier!), au pinceau ou au doigt. Plus fort encore : on a pu réaliser des relevés de peintures au calque sur une roche de dessins reconstitués, créée spécialement par les équipes du musée. À partir de 6 ans, et l’on a pu entendre un enfant que l’on connaît bien s’exclamer après une heure de peinture préhistorique « Maman, c’est ton meilleur plan ! »
Si vous avez des enfants en primaire, vous connaissez forcément Ariol, le petit âne bleu de J’aime lire. Eh bien figurez-vous qu’il s’invite au Musée de l’Homme avec ses « papas », Emmanuel Guibert, de l’Académie des Beaux-Arts, et Marc Boutavant, pour un spectacle musical carrément funky et participatif pour les familles, le « Ariol Show ». A la fin, nous avons élu Ariol guide idéal du musée. Et avons commencé à planifier nos prochains week-ends au Musée de l’homme.
Ouvert du mercredi au lundi de 11h à 19h (fermé le mardi). Billet d’entrée incluant l’accès aux collections permanentes et aux activités du week-end anniversaire. Réservation en ligne conseillée pour les ateliers et spectacles.
visuels (c) YH & AS