Ce mardi 14 janvier, la 7e édition du festival Médias en Seine a dévoilé l’enquête Ipsos « Contenus payants : quels usages et attentes du public ? ». En parallèle, sortait le Baromètre 2025 « La Croix-Verian-La Poste sur la confiance des Français dans les médias », un sondage réalisé tous les ans depuis 1987. Alors que Mark Zuckerberg a annoncé la semaine dernière arrêter les opérations de fact-checking sur ses réseaux sociaux, considérées comme une forme de « censure », les résultats de ces enquêtes nous montrent que le débat sur une potentielle limitation de la liberté d’expression dans les médias s’exporte en France.
Grâce à une « enquête réalisée sur Internet du 25 au 28 novembre 2024 sur un échantillon de 1006 personnes, représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus », le baromètre La Croix-Verian-La Poste rappelle que 62% des sondés considèrent qu’«il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité », soit une augmentation de 5 points par rapport à novembre 2023. Une défiance croissante qui fait écho à un rejet de plus en plus fort par rapport à l’actualité, lié à un sentiment de fatigue ressenti par 51% des sondés face à l’information.
Face à cette situation, les programmes télévisés constituent un pilier informationnel pour les Français. Toujours selon le même sondage, 90% des sondés consultent ainsi les journaux télévisés pour s’informer, le rendez-vous du 20h étant salué pour sa capacité à hiérarchiser les informations. Les programmes d’info-divertissement (C à vous, Quotidien, …) prennent par ailleurs de plus en plus de place dans les « habitudes informationnelles » des Français. L’hybridation entre gravité et humour, de même que leur forme de « parler vrai » est particulièrement appréciée par les Français.
Une perception positive des chaînes traditionnelles de télévision confirmée par l’enquête Ipsos, « menée du 5 au 10 décembre 2024 auprès de 1000 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus », qui révèle que pour un Français sur deux, les plateformes gratuites proposées par certains groupes comme TF1 (MyTF1) et France Télévision (france.tv) rivalisent avec les plateformes payantes pour accéder aux contenus cinéma et série notamment.
Le Baromètre révèle que les réseaux sociaux restent considérés comme la source d’information la moins fiable par les Français. Seuls 29% des sondés accordent leur confiance, et 53% ont le sentiment d’y être confrontés à de fausses informations. Notons cependant que cette confiance est en hausse de quatre points par rapport à novembre 2023, et que les outils de fact-checking ne sont pas considérés comme une action véritablement efficace pour lutter contre la désinformation (seuls 23% des sondés sont pour). Des chiffres qui montrent donc des attitudes en évolution par rapport à l’égard des réseaux sociaux, sur lesquels les fausses informations et les opinions radicales semblent vouées à circuler de plus en plus massivement.
Ce sont tout d’abord les habitudes de consommation qui se polarisent entre générations. Selon l’enquête Ipsos, plus de 90% des jeunes de moins de 35 ans souscrivent ainsi à des abonnements payants pour la musique ou les contenus film / série. Se pose dès lors la question de plateformes payantes « tout compris » offrant contenus de presse, films, séries, musiques, … qui séduit 76% des moins de 35 ans, alors même que « 12% des sondés se disent très intéressés par une telle offre si elle existait » selon France TV Info.
L’étude de La Croix s’inscrit par ailleurs dans une actualité médiatique particulière, faisant également écho à la décision de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) de ne pas retirer la fréquence de C8, qui diffuse notamment l’émission Touche pas à mon poste. En partant de cet évènement, l’enquête montre qu’un tiers des Français n’approuvent la décision de l’Arcom : 35% des sondés s’opposent aux sanctions portées à des chaînes qui diffusent de fausses informations, 39% à celles qui laissent s’exprimer un discours de haine. Est-ce une renonciation à une exigenace vis-à-vis de la qualité journalistique et démocratique des contenus ? Des résultats en écho direct avec la diminution des exigences de fact-checking sur les plateformes Meta.
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