Le Paris International Fantastic Film Festival s’est tenu du 10 au 16 décembre 2025 au cinéma Max Linder Panorama. L’œil d’or a récompensé Junk World de Takahide Hori.
Qui aurait pu prédire le retour d’Aatami Korpi, après le jouissif Sisu : De l’or et du sang (Jalmari Helander, 2022) ? Après avoir massacré un sacré paquet de SS dans le premier volet, revoilà notre brave ancien des commandos finlandais bien déterminé à foutre leur raclée aux Soviétiques. Car en 1946, la Carélie est maintenant occupée par les Rouges, et Aatami va vouloir à tout prix venger la mort de sa femme et de ses deux enfants, tout en rapatriant la maison familiale qu’il a démontée et veut reconstruire en lieu sûr. Ce deuxième opus reste tout aussi jubilatoire que le premier, versant même encore plus dans un côté Tex Avery qui bascule dans un grand guignol assumé. Construit en chapitres, le film va crescendo. Aatami se retrouve confronté à de simples soldats, à des motards, à des avions avant que le film ne dérive vers une dernière partie qui rappelle furieusement Snowpiercer : Le transperceneige (Bong Joon Ho, 2013) ou Kill (Nikhil Nagesh Bhat, 2024). Un film parfait pour ouvrir le PIFFF, et qui appellera on l’espère un troisième volet.
Après le succès de Junk Head sorti en 2021 sur nos écrans français, voici de retour Takahide Hori. Si le premier film avait été réalisé tout seul, transpirant d’un amour pour le cinéma d’animation, cette suite (ou plutôt préquel) a été confectionnée…à six. A voir le résultat artisanal de ce film en stop motion, on devine l’amour pour le cinéma qui a guidé les six créateurs autour d’une vision commune et d’une certaine foi en la débrouille. Dans Junk World, des humains et leurs clones sont attaqués par une branche de clones rebelles. Aidée par des robots, une petite équipe s’enfuie en parcourant un monde apocalyptique… Des décors grandioses, des vaisseaux spatiaux, des créatures difformes, et des voyages dans le temps constituent ce délirant Junk World. Avouons qu’on ne comprend pas tout, ni aux délires de voyages spatiotemporels (le film mériterait un second visionnage), ni aux références à la culture japonaise que nous ne maitrisons pas forcément. Pour autant, on comprend pourquoi cet objet filmique non identifié a remporté l’Œil d’or du PIFFF, soit le prix le plus important du festival.
On sait à quel point le cinéma italien se porte difficilement. Autant dire que la présence de plusieurs films transalpins en sélection du PIFFF nous intriguait. Et si nous n’avons pas eu le temps de voir Orfeo de Virgilio Villoresi et The Forbidden City (La Citta Proibita) de Gabriele Mainetti, on ne peut que recommander chaudement The Holy Boy (La Valle dei Sorrisi) de Paolo Strippoli. Dans un village de montagne apparemment paisible, un professeur de sport, ancien judoka, rejoint un lycée. Au premier abord, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Mais cette apparente bonhomie cache en réalité un secret bien plus sombre (on s’en serait douté !) autour d’un adolescent, Matteo, figure christique capable d’éradiquer la souffrance. Sans grands effets de mise en scène, The Holy Boy déroule avec aplomb son scénario bien troussé, à la fois drame intime, collectif et touches fantastiques. Ce conte malsain interroge aussi bien le deuil que la douleur, la notion de communauté que la cellule familiale. Un vrai film émouvant parsemé de quelques scènes fantastiques bien senties.
Le samedi soir, la séance interdite a pour tradition de mettre en avant des films bizarres, repoussants, radicaux mais festifs. Après le décevant Get Away (Steffen Haards, 2024) l’an dernier, c’est au tour de Fuck My Son! de réjouir (dégouter ?) les quelques festivaliers encore présents pour la séance de 23h45. On y suit une mère bien timbrée kidnappant sur le parking d’un supermarché une jeune femme et sa fille. L’objectif ? Que son fils adoré perde sa virginité. Sauf que son bambin à la Tanguy n’est pas un simple geek qui mériterait une bonne douche, mais un être difforme aux pustules bien purulentes, plein de flatulences qui ne demandent qu’à sortir. Consternant ? Pas vraiment, dans la mesure où le film, par son accumulation de bizarreries, de scènes gores et d’humour noir parvient à nous faire craquer, et finalement à nous faire rire. Déjanté, Fuck My Son! se permet tout et franchit allégrement les limites de la bienséance. Bizarrement, c’est franchement réjouissant. Un film à voir en famille après la bûche du réveillon.
14ème édition du Paris International Fantastic Film Festival, du 10 au 16 décembre 2025, au Max Linder Panorama (Paris)
Visuel : © Image issue de Junk World