Selon les chiffres du HCR, alors que les chiffres pour les soldats sont difficiles à obtenir (Volodymyr Zelensky annonçait 45000 soldats tombés au front en décembre dernier), depuis 3 ans, 12 300 civils ont été tués, dont 650 enfants, selon les estimations de l’ONU. Et dans le dernier décompte, plus de 6 millions de réfugiés ukrainiens étaient enregistrés à travers l’Europe, dont environ 60 000 en France.
Partout dans le pays, et notamment à Kharkiv qui concentre la majorité des bombardements, près de 5 000 lieux culturels et patrimoniaux ont été détruits, et l’Unesco a proposé un plan de relèvement sur dix ans, nécessitant près de 9 milliards de dollars. Alors que Donald Trump tente d’orchestrer des pourparlers de paix sans aucun représentant ukrainien à Riad, qu’il demande le remboursement des aides envoyées à Kiev et qu’il tente d’obtenir des ressources naturelles du pays, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen est en visite officielle à Kiev où elle a réitéré le soutien de l’UE au pays.
Du côté de la culture, partout en Europe, nous ouvrons grand les oreilles, pour essayer d’imaginer ce que cela veut dire, trois ans de guerre, trois ans de peur, trois ans de destructions. On a vu en décembre, par exemple, le retour du ballet national qui s’est notamment produit au Théâtre des Champs-Elysées à Paris. L’Albatros à Montreuil a accueilli la première édition du festival Le Doc en scène, avec pour sous-titre : La voix humaine – Ukraine. Il s’agissait d’un festival pluridisciplinaire gravitant autour du théâtre documentaire, pour dénoncer le régime poutinien et la guerre d’agression contre l’Ukraine.
En art, le festival de photographie Circulations a dédié cet hiver un focus à l’Ukraine et le Mémorial de Verdun a exposé des photos du front d’Anastasia Taylor-Lind. L’exposition CUTOUT COLLAGE FESTIVAL s’est déroulée simultanément à Kiev et à Paris dans un geste de résistance admirable. En septembre dernier, la galerie de Xavier Gras, Le Bonheur est dans l’instant, accueillait des artistes ukrainiens. L’exposition Pour le bien de la lettre nous sensibilisait quant à elle au sort douloureux des prisonniers ukrainiens détenus en Russie.
En mars, à l’initiative du collectif VERBA, fondé par des artistes en exil en 2023, nous avons été percutés par les films Butterfly Vision de Maksym Nakonechnyi, 20 Days in Mariupol de Mstyslav Tchernov, et A Picture to Remember d’Olga Chernykh qui nous ont fait partager le quotidiens d’Ukrainien.e.s depuis le 24 février 2022, civil.e.s ou soldat.e.s. Enfin le film ukrainien 30 Days of Summer a reçu le premier prix GenZ à la dernière Berlinale tandis que Timestamp de Kateryna Gornostai était en compétition.
En musique, Raphael Nussbaumer et Kateryna Tereshchenko se sont réunis le temps d’un concert au Menuhin Festival Gstaad. Et nous avons découvert une série d’interprètes ukrainien·ne·s : le pianiste Illia Ovcharenko, la pianiste Natacha Kudritskaya qui a donné un grand concert à Antibes avec l’Orchestre national de Cannes, la chanteuse Inna Kalugina avec Corsica Cantabile, la cheffe d’orchestre ukrainienne Keri-Lynn Wilson et son Ukrainian Freedom Orchestra…
Nous avons par ailleurs suivi le travail de la magnifique revue de résistance, Kometa, depuis ses débuts. Et les programmations sont riches de réflexions d’artistes ukrainiens, comme WAR(M) d’Olga Dukhovna qui appelle à la chaleur au-delà de la guerre et qui sera créé le 5 avril prochain au théâtre Louis Aragon.
Alors, oui, les drapeaux ont disparu des saluts à la fin des spectacles et les manifestations ne rassemblent que des centaines de personnes chaque semaine. Cela ne doit pas nous faire baisser les yeux ni nous boucher les oreilles pour continuer à veiller à ce que les artistes là-bas et ici en exil puissent trouver des échos dans nos pages.
Bonne semaine,
Yaël et Amélie
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