Tyreek Mc Dole, la nouvelle révélation du jazz vocal en escale à Paris

par Hanna Kay
15.10.2025

Tyreek McDole, 25 ans. Une voix profonde, qui porte le blues. Trajectoire sans chichi, zéro plan de carrière. Pourtant, c’est aujourd’hui une des grandes voix du jazz. Basé à New York, il chante comme il respire, sans forcer. “Open Up Your Senses”, un premier album sans esbroufe, entouré des grands, marqué par un rapport spirituel à la musique. McDole avance, sans artifice. Il ne se crée pas de personnage, il n’a pas besoin. Car ce qu’il revendique, c’est la sincérité. En concert cette semaine à Paris au New Morning.

Un rêve hollywoodien de jazzman

Douceur, calme, et une maturité étonnante. Voilà ce qui frappe d’emblée lorsqu’on rencontre Tyreek McDole, nouvelle voix montante soul/jazz. Originaire de Floride, né d’une mère haïtienne infirmière et d’un père américain chef cuisinier, rien ne le prédestine à se lancer dans la musique. Chez lui, pas de méthode rigide. La musique, il ne l’a pas uniquement apprise, il l’a surtout ressentie. Une affaire de sensibilité, presque instinctive, qu’il associe à une forme de spiritualité. À 11 ans, il commence la trompette. Puis viennent la basse et les percussions. Ce sont les rythmes qui le guident. Coup de théâtre à 18 ans, une scène digne d’un scénario hollywoodien : il joue des percussions dans une comédie musicale, quand le chanteur principal déclare forfait. Spontanément, Tyreek propose de prendre sa place. Sans expérience préalable, il se met à chanter, séduit son auditoire, et surtout le directeur dans la salle. Le rêve commence : c’est le début de sa carrière de vocaliste. Quelques temps plus tard, il remporte le concours Essentially Ellington, sous l’œil attentif de Wynton Marsalis. C’est la reconnaissance du jazz classique qu’il poursuit en remportant la Sarah Vaughan International Jazz Vocal Competition. Aujourd’hui, installé à New York, McDole est en pleine promotion de son premier album, “Open Up Your Senses“, disque construit autour de compositions originales et de ballades. «J’aime les morceaux qui prennent leur temps», explique-t-il. Parmi ses influences, il cite Dizzy Gillespie et Pharoah Sanders, dont il admire l’approche spirituelle. Il a d’ailleurs convié Tomoki Sanders, le fils du saxophoniste. Dans son album, il a bon goût et a un autre talent : celui de savoir s’entourer. Avec le pianiste Sullivan Fortner, le guitariste Rodney Whitaker, et le grand Kenny Barron, entre autres. La musique, pour lui, n’a rien d’une vitrine. C’est une introspection, une quête personnelle à travers les harmonies. « La musique est pour moi un cheminement », confie-t-il. Ce travail d’exploration ne s’arrête pas à la composition. Dans sa recherche de sérénité, il intègre la méditation à son quotidien. Recul, respiration, refus perpétuel des artifices. Déjà affairé sur son deuxième album, il rêve d’aller plus loin, de trouver des nuances qui reflètent encore mieux son identité musicale.

De l’intimité des Jam-sessions aux grandes scènes

Inutile de chercher chez ce jeune chanteur une quelconque arrogance. Tyreek McDole n’est pas dans la frénésie des images ou la construction d’un personnage. L’humilité est sa marque. Régulièrement, il anime des jam-sessions au Penny Jo’s, un petit bar à New York du quartier de Washington Heights. Une ambiance intimiste, presque communautaire, où chacun trouve sa place autour de la musique. Pas de lumière crue ni de projecteurs. Juste des échanges, des conversations en notes, et la voix de Tyreek. Alors que le monde du jazz contemporain cherche parfois à se réinventer dans l’excès ou l’expérimentation, Tyreek McDole réfléchit autrement. Il avance à son rythme, fidèle à ses convictions. Pour lui, le jazz est une exploration sans fin, un moyen de se comprendre et de dialoguer avec l’essentiel.

En concert au New Morning le 16 octobre : https://www.newmorning.com/20251016-6335-tyreek-mcdole.html

Visuel : Pochette d’album