Trump tente maladroitement de sauver le cinéma

« NOUS VOULONS DES FILMS ‘MADE IN AMERICA’ », écrit Trump en majuscules sur Truth Social. Selon lui, l’industrie cinématographique américaine connait un déclin alarmant, qui pourrait la conduire à sa mort. « Bien qu’aucune décision finale n’ait été prise concernant les droits de douane sur les films étrangers, l’Administration explore toutes les options pour répondre à la directive du président Trump visant à protéger la sécurité nationale et économique de notre pays, tout en ‘Making Hollywood Great Again’ », déclare le porte-parole de la Maison Blanche, Kush Desai, à la BBC. Pour l’heure, aucune mesure concrète n’a été affirmée et cette nouvelle lubie du président demeure encore floue. 

Un déclin hollywoodien loin d’être anodin

Au cours des dix dernières années, le nombre de films et séries produits à Hollywood a décliné de 40%, selon FilmLA. Cette délocalisation est notamment due aux coûts de production, qui sont bien plus avantageux à l’étranger en raison de subventions locales. Selon Donald Trump, cette concurrence met en avant « toutes sortes d’incitations pour attirer les cinéastes et les studios loin des États-Unis ». L’Europe prouve son propos à merveille, avec le Royaume-Uni en première ligne, qui offre jusqu’à 40% de crédit d’impôt sans plafond sur les dépenses des stars du cinéma. 

De surcroît, les feux de forêt qui ont dévasté Los Angeles en janvier ont également enflammé les inquiétudes quant à la fuite des cinéastes à l’étranger. Déménager leur serait plus rentable, plutôt que de reconstruire leurs plateaux de tournage. 

Par ailleurs, l’annonce de la Maison-Blanche a provoqué une chute boursière des actions des studios. Si la crainte de Trump est bien légitime, sa solution, elle, laisse à désirer…

Une menace internationale, toute l’industrie s’emballe

Personne n’échapperait aux conséquences de cette taxation. Bien que le président américain veuille sauver Hollywood, il prend le risque d’enfoncer l’industrie davantage. Les studios américains dépendent fortement de marchés internationaux, comme la Chine et l’Europe. « Si ces pays ripostent en limitant l’accès des films américains à leurs marchés, les studios pourraient perdre des milliards », souligne Steven Soarez dans son article pour ViralMag.  

La Chine, par ailleurs, a déjà limité son importation de films hollywoodiens depuis début avril en réponse aux droits de douane américains sur ses produits. In fine, cette mesure trumpienne pourrait enterrer de nombreux projets audiovisuels, par manque de ressources financières. 

Et la menace est encore plus large. « Les cinématographies européennes, asiatiques ou africaines, déjà fragiles face à la domination américaine, pourraient voir leur accès au marché américain – le plus lucratif au monde – sévèrement limité. Des festivals comme Cannes ou Berlin, qui dépendent de la visibilité internationale, pourraient également pâtir de cette fermeture », poursuit le Steven Soarez. Dans ce contexte fort incertain, les négociations concernant la distribution de films sont impossibles avec les investisseurs. Sans aucune visibilité sur les taxes, le marché du cinéma est en suspens aux quatre coins du monde. Affaire à suivre…