Dès son discours d’investiture, le 20 janvier, Donald Trump a confirmé l’une de ses promesses : renommer le Golfe du Mexique en « Golfe d’Amérique ». Un symbole fort pour garantir sa politique nationaliste, alors même que cette mer intérieure borde également le Mexique et Cuba. Trump a justifié cette décision comme une « réaffirmation de l’identité américaine ».
Derrière ce changement de nom, une réalité troublante : il s’agit d’effacer un pays pour le remplacer par un autre dans le langage courant et sur les cartes. Ce geste s’apparente à une colonisation des imaginaires. Google s’est aligné sur cette décision en expliquant que ses cartographies reflètent les sources gouvernementales officielles.
Face à cette décision, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a ironisé en suggérant de renommer les États-Unis en « Amérique mexicaine », en référence à une carte du XVIIe siècle sur laquelle une bonne partie de la région nord-américaine apparaît sous ce nom.
Les géants de la Tech semblent résignés. Google a précisé que cette modification ne concernerait que les États-Unis : les cartes afficheront « Golfe du Mexique » ailleurs dans le monde.
Ce changement illustre un phénomène inquiétant : la segmentation des cartes numériques en fonction des idéologies politiques. Dans un même espace numérique, un territoire peut porter des noms différents selon l’endroit où l’on se connecte. Cette fragmentation de l’information, appelée « balkanisation de l’Internet », s’observe aussi dans les réseaux sociaux et les intelligences artificielles.
Le sort du Mexique n’est pas un cas à part. Lors de son investiture, Trump a également annoncé qu’il souhaitait redonner au mont Denali, son ancien nom, le mont McKinley, un président impérialiste qui n’a jamais mis les pieds en Alaska. Ces décisions ne sont pas anodines : elles traduisent une volonté de redéfinir l’histoire et d’imposer une vision du monde unilatérale.
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