Après Western, prix de Flore 2023 (et sur la liste du Goncourt la même année, lire notre critique), Maria Pourchet est de retour avec ses étincelles de style vif et incisif. Histoire d’une libération et plongée dans la vie d’une femme entre Paris et les Vosges, Tressaillir est un texte puissant et qui va compter dans cette rentrée littéraire 2025.
Lorsqu’elle quitte son compagnon et leur foyer, Michelle emporte avec elle sons seul prénom démodé et son statut d’auteure dans une chambre d’hôtel glauque et au-dessus des ses moyens. Elle vit allongée, dans un semi-coma à se demander – sinon tout à fait pourquoi – comment elle a eu le courage de partir. Deux choses la retiennent : sa fille, qu’elle va chercher à l’école et amène dans son ancien domicile chaque soir, et son agente qui la force à aller parler à une classe dans l’est de la France, non loin d’où elle a grandi. Un beau moment de crise qui permet de revenir sur une scène originelle abominable…
En nous plongeant en immersion dans la psyché de Michelle en pleine crise existentielle de milieu de vie, puis en donnant doucement et par surprise la parole aux autres personnages, Maria Pourchet propose donc un anti-western de Paris vers l’est de la France où la conquête est plutôt discrète et la libération de la mémoire s’ancre dans le temps long. Les anti-héroïnes de ce roman vif, drôle, tragique, énergique et résolument intemporel ne sont pas des géant.e.s, mais il y a aussi beaucoup de tendresse dans le style à la fois très oral et très littéraire de l’auteure pour ces personnages en quête d’eux-mêmes, peut-être tout comme leur auteure. Un roman puissant, percutant et qui nous emmène dans des profondeurs insoupçonnées.
Maria Pourchet, Tressaillir, Stock, 336 p., Sortie le 20/08/2025. 21,50 euros.