La musicienne et compositrice Rebeka Warrior est partie en résidence à la villa Médicis pour écrire un récit âpre : celui de la maladie de sa compagne, morte d’un cancer du sein à trente ans. Ce roman est aussi l’histoire d’une quête spirituelle…
Pauline est la femme de sa vie. Elles voyagent à travers le monde, elles vivent une vie folle au rythme des concerts des groupes formés par l’auteure (Sexy Sushi, Kompromat…). Un jour au Mexique, une grosseur au sein de Pauline. Elles n’y font pas attention. De retour à Paris quelques semaines plus tard le diagnostic tombe : Cancer, à 28 ans….Commence alors le récit d’une longue souffrance de la jeune femme en lutte. Mais aussi de celle qui l’accompagne pensant près de trois ans, avec le maximum de fidélité, de force et aussi un peu de rage et de sens de la survie…
Mûri pendant près de 10 ans, ce texte n’en conserve pas moins son urgence. Encore dans la souffrance, Rebeka Warrior est aussi d’une honnêteté terrible sur la difficulté qu’il y a à être aidant.e d’une personne qu’on adore et qui fait face à un cancer. La descente aux enfers n’en finit pas, et pour le couple et pour elle, qui commence en fait son deuil alors même que son grand amour vit encore. Drogue(s), fuites, études de philo, lectures de mâles blanc (Rousseau, Marc-Aurèle…) et DJ sets ponctuent une longue phase d’attente terrible… qui débouche également sur une quête spirituelle bouddhiste et zen. La langue, elle, suit l’âpreté du récit et les phases de la perte, entre poésie brute, listes et longues introspections. C’est tout sauf fragmentaire, c’est totalisant, c’est parfois peut-être un peu épais, mais la rage et l’apaisement s’y côtoient dans un texte qui prend aux tripes.
Rebeka Warrior, Toutes les vies, Stock, 288 p., 20,90 euros, sortie le 20/08/2025.
Visuel : © couverture du livre