À l’occasion du 23e Festival mondial des théâtres de marionnettes (FMTM) à Charleville-Mézières, l’Hanfeizi shadow puppet theater déploie sa virtuosité dans Starfish, une fable écologique aquatique.
Disparue, la crainte du dangereux et monstrueux montre marin qui rôde dans les océans. Dans Starfish, le requin-baleine, loin des Dents de la mer de de Steven Spielberg, est une grande marionnette qui se meut tranquillement. La gigantesque créature était auparavant une étoile, nommée Arbalette. Avide d’aventures, elle a traversé la galaxie pour découvrir la Terre. Mais dans son périple, elle a perdu son frère, Petit Arc, parti avec elle.
L’Hanfeizi shadow puppet theater embarque le public dans un voyage initiatique à la recherche de cette autre étoile transformée en immense poisson. Arbalette cherche longuement son frère, perd parfois espoir, et rencontre d’autres créatures hautes en couleur.
Les projections vidéos colorées ou bleues rendent l’immersion plus forte, grâce aussi à la musique traditionnelle et moderne de Cheng Jin. La musicienne Zhang Peng narre cette histoire en chantant d’une voix claire et en y associant des instruments traditionnels.
Le récit fonctionne comme une parabole. La création est signée Marjorie Nakache, metteuse en scène française et directrice artistique du Studio Théâtre Stains. Elle s’est associée avec plusieurs organisations chinoises pour célébrer les 60 ans de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.
Anémones, murène, oiseau migrateur et même un petit enfant, le requin-baleine croise sur sa route de nombreux personnages pour l’aider dans sa quête. Les marionnettes ont été créées par cinq Français. Mais sur scène, des artistes chinois les manipulent avec soin et précision.
Les gestes du marionnettiste qui porte Arbalette soulignent son errance. Ce gros poisson est tantôt pris dans une danse avec des sacs plastiques, tantôt dans les filets des hommes. Ce savoir-faire passionnant donne une profondeur bienvenue à la crise écologique en cours. Le public s’identifie à Arbalette, cible des humains qui considèrent l’océan comme leur garde-manger et leur poubelle.
Huit danseuses mettent brillamment en mouvement les anémones. La petite touche comique qu’elles incorporent transige avec le sérieux de cette coproduction magnifique et exigeante. Les artistes parviennent à lier la poésie du récit à la technicité de la manipulation.
Dans la salle comble, le public s’attendrit, rit parfois. Certains enfants, happés par la beauté du spectacle, s’approchent de la scène. Peut-être espèrent-ils toucher de leurs mains l’un de ces animaux marins ? Attentifs, les comédiens vont à leur rencontre à la fin du spectacle, un moyen de prolonger encore un peu le rêve.
Starfish lie la poésie du récit à la technicité de la manipulation, lors du FMTM qui court jusqu’au 28 septembre. ©Qiu Dali