Dans le contexte du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, Reporters sans frontières (RSF) et l’Alliance pour la presse d’information générale publient le rapport SpinozIA, vers un journalisme augmenté et éthique. Fruit d’une expérimentation inédite, ce projet vise à intégrer l’intelligence artificielle dans les rédactions tout en préservant la qualité et la déontologie journalistiques.
Le choix du nom Spinoza pour ce projet ne relève pas du hasard. Qui mieux que cette figure emblématique de l’humanisme, auteur de l’Ethique (1677, posthume) et défenseur d’un monde commun à construire pour le humains, pour incarner l’innovation collective ? Si l’on suit Spinoza et pense que la raison et la coopération permettent d’atteindre un équilibre entre liberté et nécessité, l’on choisit la direction fondamentale de réfléchir à l’intégration éthique de l’IA dans les informations que nous partageons. En adoptant ce nom, RSF et ses partenaires soulignent que l’innovation technologique ne peut s’accomplir qu’en impliquant activement les journalistes et en mutualisant les ressources entre les rédactions. À l’image de la pensée spinoziste, le «projet Spinoza» repose sur l’idée qu’un outil d’IA ne doit pas se substituer à l’humain, mais l’accompagner, en renforçant son pouvoir d’action et en garantissant une production d’information de qualité.
L’expérimentation de SpinozIA a rassemblé plus de 120 médias issus de 12 entreprises de presse (dont Libération, L’Équipe et Sud Ouest). Son objectif est de permettre aux journalistes d’explorer l’IA générative tout en respectant les principes éthiques du métier. L’outil s’appuie sur six bases de données, dont des articles de presse, des rapports scientifiques et des textes législatifs, garantissant une information fiable et contextualisée.
D’après une étude menée auprès de 281 journalistes, 45 % utilisent déjà l’IA générative et 93 % envisagent de le faire. SpinozIA leur offre un outil adapté, leur permettant de synthétiser des informations, générer des résumés ou retranscrire des entretiens. Surtout, son modèle transparent empêche les biais et garantit une maîtrise éditoriale.
Pierre Petillault, directeur de l’Alliance, souligne que « Spinoza ouvre une voie entre le rejet et l’adoption aveugle de l’IA ». Pour assurer une diffusion large et collaborative, le code du projet sera publié en open source, permettant aux médias de le personnaliser selon leurs besoins.
Avec SpinozIA, RSF et l’Alliance prouvent qu’une IA éthique, conçue par et pour les journalistes, est non seulement possible, mais essentielle pour l’avenir du journalisme.
Visuel : Wikipédia et Logo SpinozIA