Au menu de ce premier jour de Solidays 2023 : 5 scènes, de la street-food de qualité et une ambiance festive dans un cadre rôdé.
25 ans, cela se sent. Solidays est plus que rôdé à l’hippodrome de Longchamp : bus affrétés de la gare Saint-Lazare et de la porte Maillot, entrée surveillée mais fluide, bracelets 1 ou 3 jours, foodtrucks précis aux propositions qualitatives et variées (Bouillon Pigalle, Trois fois plus de piquant…) et éléments de déco légèrement « rainbow » parfaitement instagrammable accueillent des festivaliers qui jouent le jeu des paillettes. Les 5 scènes sont plus ou moins ouvertes ou en chapiteau et permettent aux sons de ne pas trop se télescoper. Les effets visuels de DJing et le film en gros plan des stars sont parfaitement maîtrisés. Et comme c’est Solidays, chacun a la chance de croiser son public avec un programme solidaire à 1 euro, disponible uniquement au dernier moment en version papier. Solidaires et écolos, également les gobelets à 2 euros sont consignés. Et chaque groupe commence à l’heure à la seconde près.
La quintessence du festival est donc là, avec des fans en baskets et crop top fins prêts pour un marathon de concerts. Ce vendredi 23 juin, pas moins de 23 concerts sont prévus, avec au centre une piste de danse où l’on fait un drôle de « silent disco », avec le casque sur les oreilles, en début de soirée. Sofiane Pamart, Juliette Armanet en paillettes et vent dans les cheveux, aussi bien que Jain ou les deux ex-thérapie Taxi : Adé et Zaoui enchantent les « pop rockeux », tandis que les rappeurs SCH, Luidji, Tiakola et surtout Kerchak font entrer les jeunes fans de musique urbaine (et leurs portables qui ne cessent de filmer) en transe. Les fans grimpent sur les projecteurs pour acclamer SCH et ils accueillent Kerchak et sa cagoule (qu’il doit changer tant il fait chaud) à grands cris de « j’ai de la haine ». Ca pogote grave pour célébrer le petit prince du Jersey qui a commencé le flow et son rythme assassin à l’âge de 14 ans et qui encore « teenager » est une monstrueuse bête de scène.
Côté rythme, le beat battant d’Ascendant vierge n’a rien à envier au rythme follement désespéré de Kerchak : les réseaux sociaux sont tout aussi existentiels et la voix de sirène de la chanteuse partage ses doutes en hymnes lancinants. Sur la scène Domino, les sons électro-pop d’Irène Drésel et le petit prince Kiddy Smile se succèdent. Mais comme dans tout bon festival, le public sait aussi se ménager des pauses, assis dans l’herbe ou dans les pergolas de l’entrée, c’est plutôt sage et ça boit de l’eau pour tenir tard dans la nuit. Nuit merveilleusement lumineuse et douce qui suit un coucher de soleil merveilleux avec les tours de la Défense et un ciel de peinture en toile de fond de cette musique festive et solidaire.
On regrettera juste une chose de cette expérience inclusive et immersive de Solidays pour ses 25 ans: derrière les arcs-en-ciel on cherche la « pride » et les rubans rouges. La mairie de Paris a un grand stand qui parle plus de « consentement » que de lutte contre le sida, les toilettes sont parfaitement genrées avec une queue extraordinaire pour les filles et une file plus rapide pour les garçons, l’expo sur les bénévoles n’est pas facile à trouver et en tout cas en soirée. C’est un grand festival bien mené mais qui semble avoir un peu perdu de son ADN militant. Espérons que les conférences et le public de ce samedi et ce dimanche qui jouent à guichets fermés saurons soulever les questions politiques qui nous réunissent à Solidays plutôt qu’ailleurs…