Premier roman remarqué et remarquable de cette rentrée de janvier Photo sur demande de Simon Chevrier dresse le portrait d’un jeune homme littéraire, à la recherche de l’amour, et d’une modèle de photos de Peter Hujar. Une écriture sensible, marquée par les années 1990.
Dans une Toulouse assez impersonnelle, un jeune homme isolé vit en collocation avec un couple. Lui-même préfère les garçons. Étudiant en lettres, il a du mal à joindre les deux bouts, et surtout à conserver un poste de vendeur pour payer ses factures. De désillusions sur Grindr en rencontres fortuites, mais trop légères pour lui, il se laisse peu à peu couler dans une certaine mélancolie et, faute de moyens, dans une exposition de lui-même sur un site de prostitution.
À part quelques nouvelles de son papa, et d’un de ses amants devenu ami, avec qui il fait des mots croisés, il n’a pour le sortir d’une phase de tristesse profonde qu’une seule recherche : celle du modèle utilisé par le célèbre photographe Peter Hujar qui reproduit le garçon à l’épine des Offices de Florence.
Dans un style fragmentaire et subtil, qui laisse transparaître de nombreuses références et lectures, par morceaux, le narrateur de ce livre se révèle à ses lecteurs, de manière à la fois crue et très pudique. Les scènes de rencontre avec les clients se mêlent avec les moments de recherche esthétique et les échanges plus amicaux avec des jeunes gens de son âge, mais souvent trop occupés pour s’engager. Le fantôme du sida plane et il y a aussi bien du Hervé Guibert que du Christophe Honoré dans ce texte qui nous semble créer un passage temporel vers les années 1990. Avec Photo sur demande, l’on assiste à l’éclosion d’un écrivain qu’on va aller écouter dès le 3 février à la maison de la poésie.
Simon Chevrier, Photo sur demande, Stock, 2 janvier 2025, 98 p., 13,99 euros
Visuel : couverture du livre