En plus de soixante dix ans d’existence l’Orchestre de Chambre de Toulouse a donné plus de six mille concerts en France et à l’étranger. Celui qu’il a donné au château de Montal, situé à quelques kilomètres de Saint-Céré, avec la jeune et brillante violoniste Marion Galy entrera incontestablement dans la légende tant l’interprétation qu’ils ont donné des Quatre Saisons était parfaite.
Lorsque les responsables du festival de Saint-Céré ont invité Manon Galy (révélation soliste instrumental des victoires de la musique classique 2022) et l’Orchestre de Chambre de Toulouse, ils ont fait une très belle opération car la jeune violoniste a fait un show incomparable pendant toute la soirée , montrant une maîtrise parfaite de son instrument (un violon Carlo Ferdinando Landolfi de 1741 – prêté par Michaël Guttman – qu’elle joue avec un archet Nicolas maire – prêté par Renaud Capuçon) et dirigeant la phalange avec une exceptionnelle maestria.
C’est bien le cas pour Les quatre saisons qui furent composées par Antonio Vivaldi en 1723 et créé la même année par les jeune filles de l’orphelinat de l’Opspedale della Pietà. C’est en 2012, soit près de trois siècles après que Max Richter (né en 1966) a revisité le chef d’œuvre de Vivaldi pour en livrer sa propre vision. Ce sont donc ces deux œuvres que l’Orchestre de Chambre de Toulouse et Manon Galy interprètent devant un public venu nombreux dans la vaste cour du château de Montal. La jeune soliste sûre d’elle et très avenante a récité un poème avant chaque concerto que l’on pourrait assimiler à un résumé de ce qui attend l’auditeur pendant que les artistes jouent. Si l’œuvre originelle, celle de Vivaldi, nous a permis d’apprécier une lecture véritablement parfaite de chaque concerto, tempos, nuances, rythmes inégalables ; l’on ne peut aussi qu’admirer la sûreté de métier d’une jeune femme (elle n’a pas 30 ans) qui n’a rien à envier aux meilleurs violonistes de notre époque (de Renaud Capuçon à Théotime Langlois de Swarte en passant par Hilary Hanh, Anne Sophie Mutter ou encore Maxim Vengerov). Attention très appréciable, Manon Galy prend le temps de lire/réciter un poème qui résume à merveille chaque saison. La relecture de Max Richter (né en 1966) du chef d’oeuvre de Vivaldi est de très belle facture tant il a su mêler dans sa partition musique baroque et musique contemporaine au point que l’on se demanderait presque ou se trouvent les « frontières » entre les deux périodes. La aussi, Manon Galy et l’Orchestre de Chambre de Toulouse livrent une interprétation parfaite de cette œuvre si proche de celle de Vivaldi. Tout y est pour séduire le public : tempos, nuances, rythmes, direction parfaite.
Manon Galy a suivi un parcours brillant : CRR de Toulouse, CSNDM de Paris, Académie Philippe Jarrousky entre autres « maisons » prestigieuses qui lui ont permis d’avancer et de se perfectionner avec les meilleurs. Récipiendaire de la victoire « révélation soliste instrumental » 2022 et de prix importants reçus de la part de fondations comme l’AMOPA, la fondation SAFRAN ou encore la fondation Charles Oulmont, la jeune femme justifie pleinement la confiance de ses enseignants et celle de prestigieux musiciens. C’est à Manon Galy que la direction de l’Orchestre de Chambre de Toulouse a été confiée pour ce concert, ou elle assure aussi la partie de soliste, et elle a relevé le défi avec un professionnalisme digne des plus grands chefs d’orchestre en activité grâce à sa lecture limpide de ce chef d’œuvre universel.
L’Orchestre de Chambre de Toulouse, fondé en 1953 par Louis Auriacombe, est l’une des plus anciennes phalanges encore en activité à ce jour. L’activité débordante des musiciens qui ont un répertoire qui va du XVIIe siècle à nos jours leur a permis d’assurer plus de 6000 concerts en France et à l’étranger. C’est ce très bel orchestre, composé de musiciens talentueux que le festival de Saint Céré a invité au château de Montal pour interpréter les quatre saisons. Si le chef d’œuvre de Vivaldi est interprété sans faiblesse, la relecture de Max Richter est tout aussi parfaitement interprétée par ces musiciens exceptionnels dirigés par une jeune cheffe et soliste tout aussi sublime.
On ne peut que saluer la performance superbe de l’Orchestre de Chambre de Toulouse et de Manon Galy, qui à son jeune âge fait incontestablement partie des musiciens les plus brillants de sa génération. Vivaldi et Richter ont trouvé là une interprète sublime pour cette œuvre célébrissime qu’est Les quatre
Crédit photo : A. Lauriol pour l’académie Philippe Jarrousky