Les 12 et 13 juin, circusnext, le label européen de cirque de création, présente les Révélations circunext 2025, c’est-à-dire les 4 lauréat·es de sa Sélection 2025 au Théâtre de la Cité internationale à Paris. A la suite des représentations, nous nous sommes entretenus avec la directrice de ce label, Sabrina Abiad.
Elle a été particulièrement difficile, oui. Cette année, nous avons eu douze projets finalistes, tous d’une très grande qualité artistique. Il s’agissait vraiment d’auteurs et d’autrices affirmé·es. Cette fois-ci, le jury a longuement délibéré avant d’arriver à choisir ces quatre projets. Il aurait souhaité en retenir un cinquième, voire un sixième, si cela avait été possible. Oui, cela a été compliqué.
En plus des critères, je vais peut-être ajouter un petit point : il y a un premier niveau de sélection sur dossier. Donc, le dossier compte. Ensuite, nous voyons une maquette sur le plateau. Puis, il y a un long entretien entre les autrices et auteurs des projets et le jury des lauréats, composé d’artistes et de membres de la plateforme circusnext. Les critères restent les mêmes tout au long du processus. En premier lieu : l’originalité, l’innovation. Il s’agit de repérer des artistes qui ont une patte, une signature, et qui développent un nouveau vocabulaire circassien. C’est le critère principal, avec la prise de risque artistique — un élément essentiel dans notre ligne éditoriale.Le deuxième critère, introduit récemment, est celui de l’autorat. On interroge la position de l’artiste en tant qu’auteur ou autrice. Le troisième, c’est la qualité de jeu, qu’on ne peut évaluer qu’à travers la maquette. Enfin, le quatrième, c’est la cohérence entre le dossier, le propos formulé, et sa transposition sur scène — la façon dont cela prend vie sur le plateau.
Pour l’instant, sur les quatre projets, un est très avancé : In Difference. Il lui reste environ deux semaines de résidence avant création. Ce projet a déjà des dates de diffusion, il est en préachat. Pour elleux, c’est lancé. Les trois autres sont moins avancés, à la fois dans l’écriture et dans la production. Je sais déjà que, pour certains, le fait d’avoir été présentés durant ces deux jours et demi de sélection, devant de nombreux professionnels, a permis de débloquer des choses. Il y a déjà des manifestations d’intérêt. De notre côté, circusnext Platform apporte une coproduction : une bourse est versée. Chaque compagnie lauréate aura l’occasion de venir en résidence ou en diffusion au sein de la plateforme. C’est acté. Et nous allons poursuivre la communication autour de ces projets : un portrait vidéo démarre dès demain, suivi d’un portrait écrit. Nous continuons également à favoriser les rencontres entre les projets lauréats et le secteur professionnel, notamment les programmateurices.
Cela nous garantit de pouvoir continuer les sélections de circusnext. Il y aura donc des éditions en 2026, 2027, 2028 — pas en 2029, car ce sera une saison de diffusion. C’est essentiel pour nous : cela signifie que notre programme de repérage et d’accompagnement peut continuer à vivre. Sans ce financement, cela ne serait pas possible. Cela promet encore de très beaux projets. Nous prévoyons d’accompagner les artistes un peu différemment : dans les prochaines éditions, les cycles de sélection seront allongés. Cela nous permettra de soutenir les artistes plus longtemps, car dans le programme actuel, tout était très resserré.
Oui, plus qualitatif. Il y aura peut-être un peu moins de résidences, mais elles seront plus longues et bénéficieront d’un meilleur soutien financier. Nous cherchons à travailler sur les conditions de travail et de rémunération des artistes, à restaurer plus d’équité dans toutes les activités de création et de diffusion menées au sein de la plateforme circusnext.
La saison 2029 a été pensée en réponse à de nombreuses personnes qui nous disent : « C’est super de voir les étapes de travail, les finalistes, les lauréat·es… mais on aimerait voir les spectacles aboutis. » Et cela demande du temps, de l’espace, et bien sûr, du budget.
Nous avons donc imaginé que cette dernière année pourrait être l’occasion de rappeler l’ensemble des finalistes des éditions 2026, 2027 et 2028 — parmi lesquels, évidemment, figurent des lauréats — afin qu’ils puissent, pour celleux qui auront une forme aboutie, tourner et présenter leur travail en Europe, chez les partenaires de la plateforme circusnext.
Visuel : Christophe Raynaud de Lage