Rob Reiner, réalisateur et acteur emblématique du cinéma américain, a été retrouvé mort dimanche dans sa résidence. Il laisse derrière lui une illustre carrière durant laquelle il aura signé plusieurs films désormais devenus des classiques, explorant chaque registre avec brio.
Dimanche 15 décembre, le monde apprend la nouvelle. Rob Reiner, réalisateur iconique mais aussi acteur, est retrouvé mort dans sa résidence aux côtés de son épouse Michele Singer Reiner. La police évoquait un homicide apparent, mais finalement, Nick Reiner, le fils du couple âgé de 32 ans, a été placé en détention dans une des prisons de Los Angeles, avec une caution de quatre millions de dollars.. De son côté, la famille a publié un communiqué demandant respect et intimité dans cette épreuve. Avant que les circonstances tragiques de sa disparition ne viennent brutalement figer son nom dans l’actualité, Rob Reiner appartenait déjà à cette catégorie rare de cinéastes dont l’œuvre parle pour eux. Comédie, drame, romance, thriller psychologique ou encore film de procès, Reiner laisse derrière lui une carrière remarquable, avec plusieurs œuvres devenues cultes. Figure majeure du cinéma américain, nous avons décidé de revenir chronologiquement sur sa période dorée, de 1984 à 1992, durant laquelle il a accompli ce que peu de ses pairs réussissent : enchaîner six films, que la reconnaissance ait été immédiate ou venue avec le temps.
C’est avec ce film qu’il signe ses débuts au cinéma derrière la caméra. Ce faux documentaire suit un groupe de heavy metal britannique en tournée américaine, avec Reiner lui-même dans le rôle du documentariste. Irrésistible dans la manière de traiter avec un sérieux absolu les situations les plus grotesques, c’est une parodie appréciable quand on connaît tous les clichés du rock, et que l’on aime en rire. Un échec à sa sortie, mais peu à peu devenu un classique du genre, dans lequel l’improvisation règne.
Changement radical de registre. Le réalisateur américain offre une adaptation d’une nouvelle de Stephen King « Le Corps », dont le titre est un clin d’œil à la célèbre chanson éponyme de Ben. E King. Le film est une ode à l’adolescence où l’on suit quatre garçons qui marchent le long d’une voie ferrée à la recherche d’un cadavre. Reiner y capture quelque chose d’insaisissable : ce moment précis où l’enfance bascule, où le monde adulte se révèle dans sa brutalité. On s’attache alors à une bande d’enfants, avec leurs personnalités et leurs visions différentes de la vie.
Une adaptation du roman de William Goldman qui mélange tout : l’aventure, la romance, la comédie et le conte de fées. Tout pour tomber dans l’excès, mais Reiner trouve le ton juste, en mêlant film de cape et d’épée et conte de notre enfance. Une merveille d’ironie qui fait rêver.
Ce classique du genre pose LA question : un homme et une femme peuvent-ils être simplement amis ? Le film dissèque les relations amoureuses avec une lucidité piquante sans jamais sombrer dans le cynisme, et l’on s’y retrouve dans ces situations complexes ainsi que dans ces questions éternellement sans réponse. L’idée de ce film est venue à Rob Reiner peu de temps après son divorce, mais il a changé la fin après avoir rencontré Michele Singer. Succès immédiat.
À nouveau une adaptation de Stephen King, le film plonge cette fois le spectateur dans « l’horreur » psychologique. James Caan, écrivain séquestré par une fan obsessionnelle incarnée par Kathy Bates, qui rafle l’Oscar de la meilleure actrice, subit un calvaire qui tient autant du thriller que du cauchemar éveillé. Reiner parvient à orchestrer une tension constante dans un huis clos magistral.
Drame judiciaire écrit par Aaron Sorkin, le film oppose Tom Cruise à Jack Nicholson dans un affrontement verbal mythique. Le réalisateur américain maintient un suspense haletant dans un hommage à l’honneur avec un grand H, tout en explorant les failles et les dilemmes moraux de l’institution militaire. Le film reçoit quatre nominations aux Oscars, dont celle du meilleur film.
Visuel : Photo par Neil Grabowsky