Et si un tube pouvait vraiment changer une vie ? Avec plus de 40 millions d’écoutes cumulées, la reprise virale de « Seven Seconds » propulse Coco bien au-delà des clubs et l’emmène aux quatre coins du monde. Un succès fulgurant, né sans stratégie, porté par le public, qui redistribue les cartes d’un parcours déjà riche. Autrice, compositrice, interprète et DJ, Coco revient aujourd’hui à l’essentiel : la scène, les musiciens, le français et le temps long de la création. Rencontre avec une artiste pour qui le viral n’est pas une finalité, mais un point de départ.
Je m’appelle Coco Garel. Je suis chanteuse, autrice, compositrice et DJ. Je pense que c’est déjà pas mal comme résumé.
Je n’ai pas fait le conservatoire. J’ai commencé la guitare à huit ans parce que mon père en faisait et qu’il m’a appris. J’ai ensuite suivi des cours dans une école de musique de village. Le piano, je l’ai appris seule. J’ai très peu de notions de solfège et je n’ai jamais pris de cours de chant. Tout s’est fait au feeling. Je suis très autodidacte.
Pas du tout. Vraiment pas.
Ce que j’écoute encore aujourd’hui : Véronique Sanson, Michel Berger, Julien Clerc. Je suis une immense fan de variété française ! Michel Jonasz, Alain Souchon surtout. On baignait là dedans.

C’était en 2023. Joezi m’a contactée pour ce remix. Pour être honnête, j’aimais bien le morceau mais je n’avais pas d’attentes particulières. À ce moment-là, ma carrière était un peu à l’arrêt. Je traversais une période compliquée et je pensais même à changer de voie.
L’enregistrement s’est fait dans des conditions assez improbables. J’étais montée à Paris, je m’étais fait voler ma valise. J’ai enregistré entre deux rendez-vous, un peu à l’arrache. Le titre est sorti sans bruit. Puis, trois mois plus tard, on a passé le million de streams, on y croyait pas ! Ensuite, tout s’est emballé tout seul !
Ce qui est fou, c’est que ce n’était pas une machine de label. On était sur un petit label grec. C’est un vrai choix du public! Voir les streams exploser dans le monde entier a été complètement irréel. Cette chanson m’a permis de faire énormément de choses. Elle a clairement changé ma vie !
Pas du tout ! Tout s’est fait à distance, dans trois pays différents. J’ai enregistré à Paris, Joezi a produit en Israël et Pape Diouf était au Sénégal.
Dans la musique, les contacts se font souvent via les agents. Avec Joezi, on a eu un super feeling et on a eu l’occasion de jouer ensemble ensuite à Paris, Antalya, Tel Aviv, Lisbonne et on est devenus très proches !
Pape Diouf, je ne l’ai malheureusement jamais vu ! Nous avons échangé par messages. J’aimerais beaucoup le rencontrer un jour !
Pas du tout ! ( elle rit) Personne ne s’y attendait ! Bien sûr, la chanson originale est mythique, mais il n’y a eu aucune stratégie. Zéro investissement. Ça n’a rien coûté. Ça a simplement touché les gens. C’est pour ça que je pense qu’il y a pas de recette. Il faut sortir les choses et parfois, sans savoir pourquoi, ça fonctionne.
Parce que je voulais arrêter la musique et elle m’a remis une pièce dans la machine ! C’était une période très difficile, comme pour beaucoup d’artistes indépendants qui se demandent parfois comment continuer.
Ce titre m’a apporté de la visibilité, des rencontres, une ouverture à un public international. Il a aussi redessiné mon personnage artistique. Et puis il y a eu la tournée mondiale, ce qui est évidemment une étape énorme dans une carrière !
Tout à la fois !
J’ai beaucoup joué en configuration club. Ce ne sont pas les mêmes sets que sur scène. J’ai rapidement voulu intégrer mes musiciens. Je jouais tard, il fallait faire danser les gens, penser le set différemment.
Tout cela m’a demandé beaucoup de travail et m’a aussi permis de découvrir d’autres artistes, d’autres façons de jouer. C’était très formateur.
J’adore la mode depuis toujours ! Si je n’avais pas fait de musique, ça aurait probablement été mon autre métier! La scène est l’endroit idéal pour s’amuser, pour oser.
Je travaille aujourd’hui avec une créatrice et modiste basée à Nice, Charlotte Boyer. Nous dessinons les tenues ensemble. Pour la prochaine tournée, j’aimerais presque une tenue par chanson. Quelque chose de très fort visuellement.
Je ne sais pas coudre, mais j’aime dessiner, imaginer. Elle, elle a une créativité incroyable. Les costumes racontent une histoire et, surtout, c’est un immense plaisir.

C’est un joyeux accident ! ( elle rit) J’ai réalisé le rêve de quelqu’un d’autre, je pense. ! J’en suis heureuse, évidemment. J’ai vécu de très beaux moments, en club comme sur de grandes scènes.
Mais aujourd’hui, l’objectif pour 2026 est clair. Revenir davantage à la scène, aux salles de concert, et garder le clubbing de façon plus ponctuelle. Ce n’est pas le même public, ni la même démarche. Et c’est là que je me sens profondément à ma place.
Le clubbing impose un rythme, une énergie, une efficacité. Dans mon cas, cela limite parfois la créativité. On doit faire danser, tenir la piste.
Moi, j’ai aussi envie de chansons tristes, de piano voix, de silences. Sur scène, les gens viennent écouter, regarder, s’immerger dans un show.
Aujourd’hui, nous sommes neuf musiciens sur scène. Jouer avec eux, c’est le plus grand plaisir possible. Seule, on est à vingt pour cent du bonheur.
Avec plaisir ! Nous sommes neuf sur scène, ce qui est un vrai défi.
Il y a Loïca Künstlich et Walid Meziane aux chœurs, Alfio Rizzo Pansieri aux claviers, Damien Verdu à la basse, Jean-Charles Debove à la flûte et au saxophone, Renaud Gensane à la trompette, Allan Gonzales et Victor Mellini aux percussions, et Rémi à l’ingénierie son.
Ce sont des musiciens incroyables qui se sont embarqués dans cette aventure avec beaucoup de générosité.

Il est assez simple. J’ai un studio chez moi. Je descends le matin avec mon café et j’écris. J’écris tous les jours. Les paroles et la musique viennent en même temps, surtout quand j’écris pour moi.
Je compose principalement au piano. La guitare, que j’ai pourtant commencée très tôt, est passée au second plan. Le piano est plus intuitif pour moi aujourd’hui.
J’ai longtemps résisté au français. Puis j’y suis revenue naturellement. C’est ma langue. Je m’y sens plus libre, plus précise. Je la trouve profondément poétique. Elle me permet d’exprimer davantage de nuances. Mes projets sont désormais très majoritairement en français.
J’adore les deux. J’ai besoin de cette alternance paradoxalement. La solitude pour écrire, la foule pour partager.
Les paroles nécessitent du temps, du silence, une vraie bulle. Je suis assez scolaire dans mon travail. J’écris régulièrement, avec discipline. J’aime autant le bruit que le calme. Les deux sont indissociables.
Je déteste l’avion ! ( elle rit) Et paradoxalement, je voyage énormément aujourd’hui. Avant la tournée, j’avais très peu voyagé. Je n’étais jamais sortie d’Europe !
Ce succès m’a permis de découvrir le monde. J’avais toujours dit que je voyagerais le jour où mes chansons me feraient voyager ! Ça a pris du temps, mais c’est arrivé.
Voyager pour travailler crée un lien direct avec les pays, les cultures, les gens. C’est enrichissant, parfois mélancolique aussi. On se sent très seule, très française, très loin.
Mais j’ai vécu des expériences magnifiques. J’ai aussi été frappée par le rayonnement de la France à l’international. Et puis, il faut être honnête, j’adore manger. ( elle rit ) Ça aide !
Il s’appelle « Dommage » et sortira en février 2026.
C’est un EP de transition, un réalignement. Il contient un titre en anglais et un en français. C’est un morceau club, mais aussi un titre radio. Un titre accessible, dans le bon sens du terme.
Je reviens à une écriture plus affirmée, plus pop au sens noble, populaire. L’idée est d’ouvrir le spectre, de toucher tous les âges et tous les styles.
Propos recueillis par Mélodie Braka.