Rencontre avec Julien Lestel

Vous avez été danseur à l’Opéra de Paris, que gardez-vous de l’exigence de cette formation dans votre nouvelle carrière ?

L’exigence de cette formation a ancré en moi un goût certain pour la rigueur et l’endurance avec une volonté de se dépasser pour viser l’excellence même si l’on est bien conscient qu’elle n’est jamais atteinte, toutefois, sa perspective est stimulante.
J’ai acquis très jeune le sens des responsabilités et appris à relativiser les échecs ainsi qu’à réfléchir à toute entreprise pour lui donner du sens.
On apprend aussi, bien sûr, à prendre soin de son corps à travers le travail régulier et une hygiène de vie constante.

 Comment qualifiez-vous votre danse ?

C’est une danse actuelle imprégnée de diverses influences : d’une part, la danse urbaine – Break dance, Hip Hop et danse contemporaine – qui donne une certaine dynamique et puissance, mais aussi le néoclassique avec ses inspirations et ses étirements.
Trois pôles s’entrecroisent dans mes chorégraphies : poésie, sensualité et puissance. Je fais en sorte que chaque danseur puisse exprimer tout à la fois sa vibration poétique et son animalité.

Vous écrivez pour un grand nombre d’interprètes, pourquoi ?

J’aime les scènes de groupes, car elles permettent d’exprimer le sens du collectif. Les danseurs doivent être à l’écoute des uns des autres, chacun dans sa singularité, tout en tendant vers l’unisson. Le rapport à l’autre est essentiel, danser avec les autres décentre son intérêt, décuple sa propre force, car il y a une quête de réalisation commune en respectant la place de chacun.
Mais ces danses de groupes sont accompagnées de solos et duos également, car j’apprécie le travail qui met en valeur la personnalité de chacun.

 Qu’est-ce qu’une rencontre pour vous ?

Une rencontre dessine l’ouverture vers tous les possibles.
Les rencontres tracent le chemin de notre existence et façonnent l’être que nous sommes. Elles nous révèlent à nous-mêmes tout en nous permettant de nous ouvrir au monde. Une rencontre peut venir du hasard, mais encore faut-il être capable de saisir l’instant qui nous l’offre.
Les rencontres bonnes ou mauvaises nous permettent de nous rapprocher de notre vérité.

Comment allez-vous traduire ces définitions sur scène ?

Rencontrer un être, c’est avant tout rencontrer une âme, c’est pour cela que j’ai chorégraphié des duos différents : femmes, hommes ou femme et homme, avec une gestuelle fluide, nuancée, entrecoupée de moments plus explosifs.
J’ai voulu que les danseurs portent des tenues de ville qui s’éloignent du costume de scène afin de gommer tout artifice pour rester dans la simplicité. J’ai voulu aussi la même sobriété en ce qui concerne la lumière dans le but de placer ce thème de la rencontre dans l’intemporalité et de mettre en valeur le propos et la gestuelle.