Pour célébrer les 150 ans de la naissance de Maurice Ravel, l’Orchestre National de Lille poursuit son hommage au compositeur français Maurice Ravel, sous la direction du chef américain Joshua Weilerstein. Au programme : une traversée de ses œuvres les plus célèbres — Pavane pour une infante défunte, Concerto en sol, Boléro — mais aussi des raretés, comme la Petite Suite de Germaine Tailleferre et l’épopée orientale Antar de Rimski-Korsakov orchestrée par Ravel. Rencontre avec un chef habité par l’équilibre entre rigueur et sensualité.
En musique classique, on adore jouer des œuvres pour un anniversaire. Mais aussi, c’est important de créer des connexions avec d’autres œuvres et artistes. Notre premier concert de la saison au début du mois avec Bertrand Chamayou au piano était aussi lié à Ravel et mettait en avant également Dukas et Stravinsky. Et pour notre programme, on a Rimski-Korsakov qui était un ami de Ravel, et aussi un arrangement par Ravel de son oeuvre, Antar, qui est très rarement jouée. Cette partition, donc pour nous, est une opportunité d’explorer le monde de Ravel.
C’est l’atmosphère si singulière qu’il crée avec chaque œuvre : Daphnis et Chloé est une méditation, quelque chose d’hypnotique. La Pavane doit se faire avec tout l’orchestre; la pièce est lente, mais jamais triste, c’est une danse. Il y a de nombreuses choses très séduisant esdans la musique de Ravel : l’influence de l’Espagne, les couleurs, l’orchestration. C’est incroyable, les couleurs qu’il peut créer. Ce n’est pas un compositeur révolutionnaire, mais il est très innovant et un grand compositeur.
Oui. C’est une combinaison d’élégance et de charme. Et j’adore cette combinaison : la musique de Maurice Ravel est la fois très classe et très sexy.
C’est un plaisir de travailler ensemble. Les pianistes Bertrand Chamayou et Nicolaï Luganski ont une manière de jouer Ravel complètement différente. Et c’est très intéressant pour l’orchestre et pour moi d’essayer de comprendre la perspective de chacun de nos solistes. Et puis avoir Charles Berling en récitant du texte d’Amin Maalouf pour Antar, c’est un plaisir. C’est un texte magnifique, avec beaucoup d’atmosphère. Et comme Charles Berling est rarement récitant pour un orchestre, il le fait avec beaucoup d’enthousiasme. C’est vraiment un plaisir pour tout le monde, et pour moi aussi.
Ravel et Debussy détestaient ce label. Mais c’est une connexion avec l’art de Monet. Ces couleurs, ce flou parfois, c’est vrai. Pour moi, Debussy est plus impressionniste que Ravel, parce que Ravel est très clair. Il crée des nuages, oui, mais on voit aussi des lignes fortes dans sa musique. Finalement, Impressionniste, c’est juste une étiquette. Ravel est peut-être un peu impressionniste, mais il a la clarté de Stravinsky et les couleurs de Debussy. Ce qui est passionnant, c’est que Ravel se situe à un carrefour d’influences.
Avec les deux concertos, la main gauche et le concerto en sol, il y a beaucoup d’influence du jazz. Ravel adorait le jazz. Et on sait que Ravel et Gershwin se sont rencontrés lors de la tournée de Ravel aux États-Unis en 1928.
C’est une image incroyable. Être dans le Théâtre des Champs-Élysées — le lieu de la première du Sacre du printemps — et imaginer Ravel dans cette même salle, c’est incroyable.
Oui, bien sûr. Daphnis et Chloé, c’est un ballet. Mais la Pavane, aussi, avec Nicolaï Luganski nous avons dit à l’orchestre : ce n’est pas une œuvre triste, c’est une danse. Et dans le concerto, le deuxième mouvement, c’est un peu entre les deux.
Germaine Tailleferre — Petite Suite pour orchestre
Maurice Ravel — Pavane pour une infante défunte
Maurice Ravel — Concerto pour piano et orchestre en sol majeur
Rimski-Korsakov / Maurice Ravel — Antar
Maurice Ravel — Boléro
Nikolaï Luganski, piano (Lille & Paris)
Charles Berling, récitant (Lille & Paris)
Denis Kozhukhin*, piano (Valenciennes & Amiens)
Jacques Bonnafé*, récitant (Valenciennes & Amiens)
Joshua Weilerstein, direction
Orchestre National de Lille
• Lille, Théâtre Sébastopol — Mardi 14 octobre 2025, 20h [Complet / liste d’attente ouverte]
• Paris, Théâtre des Champs-Élysées — Mercredi 15 octobre 2025, 20h
• Valenciennes, Le Phénix* — Vendredi 17 octobre 2025, 20h
• Amiens, Maison de la Culture* — Samedi 18 octobre 2025, 18h30
Tarifs : de 6 à 49 €
: www.onlille.com
visuel: Ugo Ponte