C’est une razzia ! Grâce à La nuit au cœur, la journaliste et romancière rafle son deuxième grand prix littéraire. Un livre qui conte et raconte le parcours de trois femmes victimes de violences conjugales, et qui a vraisemblablement su ravir le cœur des lycéens.
Ça y est, nous savons qui va succéder à Sandrine Collette pour Madeleine avant l’aube, dernière récipiendaire du Goncourt des lycéens. Après le fameux prix féminin Femina, Nathacha Appanah ravit un autre titre pour son roman La nuit au cœur. Le titre lui a été décerné à Rennes ce jeudi 27 novembre, et même si maintenant, c’est un peu une habitude, on espère quand même qu’elle va le savourer. Ne serait-ce que pour les quatre autres finalistes qu’elle a coiffés au poteau : La maison vide de Laurent Mauvignier, L’adieu au visage de David Deneufgermain, La collision de Paul Gasnier et Un frère de David Thomas.
Le Goncourt des lycéens, c’est un peu le petit frère du Goncourt tout court, évidemment. Mais il faudrait bien veiller à ne pas sous-estimer son importance : ce dernier est un vrai atout en termes de ventes et peut amener, certaines années, le livre à se vendre à plusieurs milliers d’exemplaires. Une opportunité aussi, certains membres du jeune jury ont également eu la chance de débattre avec les auteurs sélectionnés à l’occasion de rencontres organisées dans plusieurs villes de France. Tous les finalistes ont été savamment choisis par près de 2000 lycéens, scolarisés dans l’ensemble des classes et des filières au sein de 57 établissements en France et à l’étranger. Chacun d’eux s’est plongé dans la sélection 2025, par ailleurs identique à celle du Goncourt tout court. À l’exception du livre de David Diop, qui l’a déjà gagné une fois… Qu’on ne l’y reprenne pas.
« Nous avons été bouleversés par ces trois histoires de femmes et profondément touchés par sa plume alliant complexité, justesse et poésie », a déclaré la porte-parole du jury Elsa Lelaumier, élève de terminale à Vence dans les Alpes-Maritimes, depuis l’hôtel de ville de Rennes. Et que dire de plus. Pendant un peu plus de 750 pages, l’écrivaine mauricienne s’est escrimée de la plus belle des manières à rendre dans toute leur abysse les femmes victimes de leurs compagnons. Elle livre à cette occasion un texte désarticulé, d’angoisse et de chaos, dont on ne saurait sortir tout à fait indemne.
Une enquête et trois femmes, plus précisément, qui survivent à quelques années d’intervalle, tant bien que mal, mais plutôt mal que bien. Trois portraits qui s’entrecroisent et se confondent dans l’horreur et la peur qu’ils inspirent. Il y a d’abord la mort atroce de Chahinez Daoud, brûlée vive par son mari en pleine rue près de Bordeaux, en 2021 et sa cousine Emma, elle aussi tuée en 2000 par son compagnon sur l’île Maurice. Puis les six années passées par Nathacha Appanah auprès d’un premier amour violent et dominateur, dans les années 1990 et qui, une nuit, a bien failli la tuer. Et au fil des pages, une question, dans l’esprit des lecteurs, se pose sans relâche : comment en arrive-t-on à accepter l’inacceptable ?
Le prix, quant à lui, sera remis à la lauréate en début de soirée à l’Élysée en présence d’Emmanuel Macron et du jury, composé de treize lycéens délégués. Ce n’est que justesse.
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