Pierre Gendronneau va céder sa place à la mi-juin. En cause, un « climat de suspicion à son égard », selon la direction du Festival d’Avignon, qui évoque des « accusations » de violences sexistes et sexuelles survenues avant sa nomination en 2023.
Le rideau ne s’est pas encore levé sur la 79e édition du Festival d’Avignon, prévue du 5 au 26 juillet, que déjà, il est au cœur de l’actualité. Un départ, annoncé sobrement « pour raisons personnelles », vient fissurer la façade de l’institution : Pierre Gendronneau, directeur délégué depuis février 2023, quitte ses fonctions le 13 juin. Tiago Rodrigues, directeur du Festival, a officialisé ce départ auprès de l’AFP le mercredi 30 avril vers 18h :
« Nous avons annoncé aujourd’hui à l’équipe du festival le départ de Pierre Gendronneau des fonctions de direction déléguée, pour des raisons personnelles et pour poursuivre d’autres horizons professionnels. »
Mais le ton, lissé et protocolaire, peine à dissimuler les secousses. Depuis l’automne dernier, une série de signalements a terni le parcours très ancré dans le théâtre public de Pierre Gendronneau. Avant 2023, il a été chargé de production à la Scène nationale de Sénart et directeur de production au Centre dramatique national de Montreuil et directeur adjoint du Festival d’Automne.
« Plusieurs avocats indépendants », sollicités par le Festival, ont conclu que « l’enquête ne révélait pas de faits avérés de harcèlement ou de violence de la part de Pierre Gendronneau pendant sa période de travail au festival », a poursuivi Tiago Rodrigues en reprenant les résultats de l’enquête interne confiée au cabinet Egaé, dirigé par Caroline de Haas.
Reste que la procédure, déclenchée en novembre « deux jours » après que le ministère de la Culture a activé l’article 40 du Code de procédure pénale, ne peut effacer ce que le directeur appelle lui-même « un climat de suspicion ».
Depuis hier, une nouvelle pièce s’ajoute au puzzle. Emmanuel Demarcy-Motta, directeur du Festival d’Automne à Paris, où Pierre Gendronneau fut son adjoint, a déclaré à l’AFP en ce premier mai : « Près de deux ans après son départ, soit à l’automne 2024, m’ont été signalés par une salariée qui disait en avoir été victime des faits de harcèlement sexuel de la part de Pierre Gendronneau. »
« Un signalement a été fait au ministère. J’ai demandé à pouvoir en parler avec tous les membres de l’équipe du Festival, et nous avons mis en place une procédure pour parvenir à un diagnostic. Mais Pierre Gendronneau n’étant plus salarié, il n’y a pas de contradictoire, et pas de sanction possible au sein du Festival d’Automne. »
Ni Tiago Rodrigues, ni Pierre Gendronneau n’ont souhaité ajouter d’éléments à la dépêche de l’AFP. Joint par nos soins, le service de presse du Festival d’Avignon nous a précisé que ce départ n’aurait aucune conséquence sur la programmation de cette édition et que le nouveau directeur ou la nouvelle directrice sera nommé.e. à la rentrée.
Visuel : © Christophe Raynaud de Lage