Sergio Mendes, un des plus grands producteurs de musique brésilienne, est décédé le 5 septembre dernier à Los Angeles à l’âge de 83 ans. Philippe Baden Powell, pianiste franco-brésilien, lui rend hommage.
Pour moi, c’était l’ambassadeur de la musique brésilienne dans le monde. C’était un pianiste originaire de Niteroy. (sur la baie de Rio de Janeiro). À son époque, l’instrument représentatif de la musique brésilienne était principalement la guitare. Sergio Mendes a commencé par la musique classique et s’est produit également dans des boîtes de nuit dans les impasses de Copacabana sur les scènes de clubs mythiques des années 50/60 comme Bottles, ou Little club, là où de grands artistes ont commencé leur carrière comme Elis Regina, ou mon père le guitariste Baden Powell. Grâce à sa formation musicale solide, à son talent d’arrangeur et de producteur, Sergio Mendes a popularisé la musique brésilienne, la faisant traverser les frontières, notamment aux États-Unis. Jorge Ben (compositeur de Mas que Nada) et Sergio Mendes sont à mon sens les deux musiciens qui ont rendu populaire la musique brésilienne à l’international. Diane Reeves, par exemple, célèbre artiste américaine, a commencé sa carrière en chantant de la musique brésilienne avec Sergio Mendes.
J’ai connu Sergio Mendes grâce à mon père Baden Powell, il y a environ 20 ans. Il a toujours témoigné d’un grand respect pour la musique de mon père. J’ai énormément de gratitude pour ce qu’il a fait pour la musique dans une époque politiquement complexe au Brésil. Il a créé des ponts entre la musique américaine et la musique brésilienne. C’est grâce à lui que des légendes comme Stevie Wonder, ont enregistré la musique de mon père (Berimbau sur l’album Timeless sorti en 2006, produit par Will.I.Am des Black Eyed Peas). Dans cet album Timeless, il y a plusieurs titres de Baden Powell, dont Samba da Bencao. La musique brésilienne traditionnelle se mélange au hip hop et ses arrangements sont géniaux. J’ai une reconnaissance infinie pour son engagement pour la musique brésilienne. C’était quelqu’un de très joyeux, qui avait toujours le sourire et cela se ressent dans sa façon d’être musicien. Quand on l’écoute, on pense au soleil, on a envie de danser, on oublie un instant les difficultés du monde dans lequel on vit.
Ce serait « Sergio Mendes & Brasil 66 » , son premier album enregistré à Hollywood aux États-Unis, au succès immédiat qui va le rendre populaire. J’ai son image en souvenir, l’élégance en couleurs et le sourire aux lèvres.
Philippe Baden Powell se produira en quartet au Bal Blomet le 26 septembre et lui rendra hommage.
(c) Zoé Casas