Richard Brunel présentait ce samedi, à la presse, la nouvelle saison de l’Opéra National de Lyon, opéras, concerts, danse, le tout sous le signe du renouveau et de l’originalité des créations, porté par la citation de Jean Vilar dont il a fait sa devise « il faut avoir l’audace et l’opiniâtreté de présenter au public ce qu’il ne sait pas qu’il désire ».
Répondant d’abord à la question « À quoi sert l’opéra ? », Richard Brunel défend sa mission de transmission des œuvres artistiques historiques. Transmettre et en donner une interprétation moderne, contemporaine, telle est la devise de la maison, qui par ailleurs, est un grand lieu de créations offrant une ouverture importante aux compositeurs de nos jours.
L’Opéra de Lyon se soucie également de diversité, de féminisation, d’écologie, de développement durable et de promotion des jeunes chanteurs.
Richard Brunel rappelle les valeurs de service public pour toutes et tous, de qualité artistique, et, avec 400 levers de rideau par an, valorise la place de son Opéra, localement, régionalement, nationalement et même internationalement au travers de nombreuses coproductions.
L’Opéra de Lyon ne connait pas de crise existentielle puisqu’il affiche 91% de taux de remplissage, et nous avons pu apprécier d’ailleurs cette saison, le public jeune, nombreux, enthousiaste qui fête des œuvres pas forcément les plus connues du répertoire comme Die Frau Ohne Schatten de Strauss ou la Fanciulla del West de Puccini.
Le taux de renouvellement du public est de 30%, et 27% des spectateurs et spectatrices ont moins de 29 ans ; 17% sont des abonnés mais 79% ne voient qu’un seul spectacle par an ce qui donne un aperçu d’un grand rayonnement.
La part des femmes parmi l’ensemble des métiers de l’opéra, de la composition à la direction d’orchestre en passant par la mise en scène, est une préoccupation du nouveau directeur qui préfère manifestement plus « faire » que « discourir » sur le sujet.
Ainsi, sur 9 opéras mis en scène proposés lors de la saison 2024-25, deux auront été composés par des femmes ; pour deux autres, le livret aura été écrit par des femmes, et enfin 6 seront mis en scène par des femmes. Deux d’entre eux seront des créations.
Le dixième opéra sera une version-concert en coproduction avec le théâtre des Champs-Élysées.
Enfin l’Opéra de Lyon avec son « Lyon Opéra Studio » offre la possibilité à cinq chanteurs de se produire, deux ans durant, dans des rôles importants de ses productions. Nous les retrouverons donc au fil de la saison, notés d’une astérisque dans la présentation des distributions.
En coproduction avec l’Opéra Royal de Stockholm et sous la direction de Daniele Rustioni, la première œuvre sera le Wozzeck d’Alban Berg donné en octobre, dans une nouvelle production de Richard Brunel lui-même, avec Stéphane Degout dans le rôle-titre. C’est l’étonnante Ambur Braid (que nous avons remarqué dans Die Frau Ohne Schatten à Lyon, puis dans Salomé à Francfort) qui sera Marie.
En décembre, nous partirons dans le répertoire du bel canto, avec Le Turc en Italie de Rossini, sous la direction de Giacomo Sagripanti, dans une mise en scène de Laurent Pelly, un habitué des lieux.Ce sera une nouvelle production commune au Teatro Real de Madrid et au Nouveau Théâtre de Tokyo. Florian Sempey, Sara Blanch et Adrian Sampetrean, tous spécialiste de ce très beau répertoire, incarneront les rôles principaux.
En Janvier c’est la production de Madame Butterfly du festival d’Aix-en-Provence de l’été 2024, qui sera reprise à Lyon, avec la même distribution comprenant notamment la fabuleuse Co-Cio-san d’Ermonella Jaho.
Le Festival de Mars s’ouvrira le 14 avec La Forza del Destino sous la direction de Daniele Rustioni, dans une mise en scène de Ersan Mondtag. La distribution réunira la Leonora de Elena Guseva (que nous avons découvert cette saison en Lisa de La Dame de Pique, et qui devrait exceller dans ce rôle à sa mesure) et l’Alvaro de Riccardo Massi qui était Dick Johnson dans cette même maison. C’est l’excellent Igor Golovatenko qui endossera le rôle de Don Carlo, un rôle qu’il chante en ce moment-même au MET, s’attirant tous les compliments.
Deux œuvres contemporaines suivront : 7 minutes de Giorgio Battistelli, un opéra créé en 2019 à l’Opéra National de Lorraine, et L’avenir nous le dira de Diana Soh, une création mondiale, commande 2025 de l’Opéra de Lyon.
L’un et l’autre traitent de sujets d’actualité, sociale pour le premier et écologiste pour le deuxième.
En mai ce sera le tour de Peter Grimes, l’opéra-clé de Benjamin Britten, avec Sean Panikkar dans le rôle-titre et Sinéad Campbell-Wallace dans celui d’Ellen.
Mozart clôturera la saison avec une nouvelle production de Marie-Eve Signeyrole pour Cosi Fan Tutte.
Andrea Chénier de Giordano sera donné en version concert à l’Auditorium de Lyon le 15 octobre puis au Théâtre des Champs-Élysées, le 18, avec une distribution brillante comprenant Anna Pirozzi, Riccardo Massi et Amartuvshin Enkhbat, sous la direction de Daniele Rustioni.
Côté Danse, le projet Möbius Morphosis de Rachid Ouramdane et la Compagnie XY prendra place dès juillet dans le cadre des Nuits de Fourvière puis de l’Olympiade Culturelle.
À la rentrée, plusieurs productions de ballets se succéderont, donnant la part belle à la rencontre entre chorégraphes de génération et de tradition culturelle différentes. Citons Skatepark de Mette Invartsen, ballet itinérant, Envols de Trisha Brown, Jan Martens et Jiri Killian en octobre et novembre, Nature Studies de Merce Cunningham et Christos Papadopoulos en mars, Last Work de Ohad Naharin en avril.
Récitals, concerts et détails se trouvent désormais sur la Brochure de la nouvelle saison de l’Opéra de Lyon.
Saluons au passage, le très chaleureux accueil de l’ensemble des équipes de l’Opéra pour cette présentation.